Abidjan, 31 oct (AIP) – Le gouvernement tanzanien a prolongé, jeudi 30 octobre 2025, le confinement décrété la veille après des manifestations violentes survenues au lendemain des élections présidentielle et législatives, marquées par un climat de tension et un bilan humain encore incertain.
La présidente Samia Suluhu Hassan, qui briguait un nouveau mandat après avoir succédé à John Magufuli en 2021, fait face à une contestation grandissante de l’opposition et à des divisions internes au sein de l’armée.
Malgré un important dispositif sécuritaire déployé mercredi, des centaines de manifestants, pour la plupart de jeunes hommes, sont descendus dans les rues de Dar es-Salaam, incendiant un poste de police et attaquant des bureaux de vote. Des affrontements ont également été signalés dans d’autres localités, notamment à Songwe (Ouest) et Arusha (Nord-Est).
Le chef des armées, Jacob Mkunda, a qualifié les manifestants de « criminels » et appelé la population au calme, assurant que les forces de défense « contiennent la situation ». Toutefois, selon des témoins, des échanges de coups de feu étaient encore entendus jeudi après-midi dans certains quartiers de la capitale économique, où les rues demeuraient quasi désertes.
Le porte-parole du gouvernement, Gerson Msigwa, a annoncé la poursuite du télétravail pour les fonctionnaires et la fermeture des écoles jusqu’à nouvel ordre, invitant les citoyens à rester chez eux. Le blocage d’Internet a été partiellement levé dans la journée de jeudi, de même que les restrictions sur les appels internationaux.
La télévision nationale, seul média autorisé à diffuser des informations électorales, a commencé à publier des résultats partiels donnant une large avance à la présidente sortante. À Zanzibar, le président sortant Hussein Mwinyi (Chama Cha Mapinduzi, parti au pouvoir) a été réélu avec 74,8 % des voix, contre 23,2 % pour son adversaire de l’opposition, Othman Masoud Othman.

La tension est également alimentée par des accusations visant Abdul Hassan, fils de la cheffe de l’État, soupçonné de diriger une « force d’intervention informelle » impliquée dans des enlèvements de critiques du régime avant le scrutin.
Dans un communiqué, Amnesty International a dénoncé une « vague de terreur » caractérisée par des « disparitions forcées » et des « exécutions extrajudiciaires », exhortant les autorités à faire preuve de retenue. Le principal parti d’opposition, Chadema, dont la participation a été invalidée pour refus de signer le code électoral, a affirmé disposer d’informations faisant état d’« au moins quatre morts ».
L’opposition accuse le gouvernement d’avoir manipulé le processus électoral. Son chef, Tundu Lissu, arrêté en avril et inculpé pour trahison, encourt la peine de mort. Le seul autre candidat d’envergure, Luhaga Mpina (ACT-Wazalendo), a été disqualifié pour des raisons procédurales.
Les observateurs internationaux n’ont pas été autorisés à couvrir le scrutin sur le continent tanzanien, contrairement à l’archipel de Zanzibar, où la situation reste relativement calme. Pendant ce temps, plusieurs touristes se trouvent bloqués dans les aéroports de Zanzibar et du Kilimandjaro, en raison des restrictions de transport et des coupures de paiement électronique.
(AIP)
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