Bangolo, 05 nov 2025 (AIP) – Plusieurs enfants issus de familles de planteurs de cacao n’ont pas encore repris le chemin de l’école à Bangolo suite à une crise de liquidités qui paralyse la filière et retarde le paiement des producteurs, privant de nombreuses familles rurales des ressources nécessaires pour assurer la scolarisation de leurs enfants.
Selon des acteurs de la chaîne d’achat, cette situation trouve son origine dans les difficultés de financement rencontrées par les opérateurs économiques. Malgré la revalorisation du prix bord champ par l’État, les acheteurs manquent de fonds pour préfinancer la campagne.
« Le prix du cacao a certes augmenté, mais les acheteurs n’ont pas de liquidités pour payer les agriculteurs. Les banques ont, pour la plupart, refusé nos demandes de prêts pour commencer la campagne », a déploré un acheteur local, Sié Ahmed.
En attendant la disponibilité des fonds, ces opérateurs délivrent des reçus de dépôt aux producteurs, en guise de promesse de paiement différé. Mais cette solution provisoire ne permet pas aux planteurs d’affronter leurs charges quotidiennes, notamment celles liées à la rentrée scolaire. Dans les campements environnants, le désarroi est grand.
« On va vers la fin du premier trimestre, mais je suis encore au campement parce qu’il n’y a pas d’argent », s’est indigné Kouamé Jules, élève en classe de terminale. Comme lui, de nombreux enfants de planteurs attendent, impuissants, que leurs parents soient payés pour pouvoir regagner les salles de classe.
Plusieurs chefs d’établissement signalent une baisse inquiétante des effectifs dans les collèges et lycées, tandis que les commerçants de fournitures scolaires constatent un net recul de leurs ventes.
« Les parents viennent se renseigner mais repartent souvent sans rien acheter, faute d’argent », a témoigné une vendeur de fournitures scolaires au marché de Bangolo.
Toutefois, la situation semble connaître un début de solution depuis le lundi 3 novembre 2025. Certains des élèves concernés ont commencé à effectuer leur inscription physique dans les établissements secondaires.
« Depuis que nous sommes revenus des congés de Toussaint, nous avons constaté que c’est maintenant que certains élèves viennent s’inscrire pour commencer l’année scolaire », a expliqué Cédric Kouadio, éducateur dans un établissement privé de la place.
Les organisations paysannes et les responsables communautaires interpellent néanmoins les autorités publiques afin d’accélérer la normalisation du circuit de paiement des produits agricoles et d’éviter une déscolarisation partielle dans les zones productrices. Ils plaident pour la mise en place d’un mécanisme temporaire d’avance de trésorerie au profit des acheteurs agréés.
Le gouvernement ivoirien a fixé, pour la campagne principale 2025-2026, le prix bord champ du kilogramme de cacao à 2 800 francs CFA, dans le cadre de sa politique de revalorisation du revenu agricole. Toutefois, l’absence persistante de liquidités compromet encore l’impact réel de cette mesure sur les producteurs de Bangolo.
(AIP)
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