Abidjan, 7 nov 2025 (AIP) –Les dirigeants mondiaux réunis à Belém, aux portes de l’Amazonie (Brésil), pour la 30ᵉ Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30), sont appelés à répondre à un défi majeur, celui du financement de l’adaptation des pays du Sud, premières victimes du réchauffement climatique, dix ans après l’adoption de l’Accord de Paris.
Alors que l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, franchissant le seuil historique de +1,55°C par rapport à l’ère préindustrielle, la question du financement climatique s’impose comme l’un des enjeux cruciaux de ce rendez-vous placé sous présidence brésilienne.
L’an dernier, à Bakou, la COP29 avait fixé un objectif de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour soutenir la transition énergétique et l’adaptation dans les pays du Sud. Mais cette promesse reste perçue comme insuffisante par les États en développement, qui rappellent que les pays les plus riches, responsables de près de 80 % des émissions historiques de CO₂, tardent à honorer leurs engagements.
« Même si ces promesses étaient décevantes pour les pays du Sud, il sera difficile de les rehausser », avertit le chercheur à HEC Paris, spécialiste de la géopolitique de l’environnement, François Gemenne, soulignant que « les États-Unis se sont désengagés, les Européens manquent de moyens et la Chine refuse d’accroître sa contribution. »
Dans ce contexte de déséquilibre financier et de tensions géopolitiques, la COP30 doit également aborder la mise en œuvre du Fonds pour les pertes et préjudices, créé à Dubaï en 2023 pour indemniser les pays les plus touchés par les catastrophes climatiques. Or, ce fonds peine à se concrétiser faute de contributions suffisantes.
Les délégations africaines, menées notamment par les présidents congolais Félix Tshisekedi et Denis Sassou N’Guesso, entendent plaider pour une mobilisation concrète et équitable des ressources. Les représentants du Groupe de la Banque africaine de développement appellent, eux, à des mécanismes financiers innovants et à une réforme de la gouvernance climatique mondiale.
À Belém, symbole vivant de la lutte contre la déforestation, le Brésil espère aussi relancer la coopération internationale en faveur des forêts tropicales à travers le programme “Tropical Forest Forever”, doté de 125 milliards de dollars pour rémunérer la préservation des écosystèmes.
Mais au-delà des promesses, les pays du Sud attendent des actes. Dix ans après l’Accord de Paris, ils réclament une justice climatique réelle, une redistribution équitable des financements et une reconnaissance du principe de responsabilité commune mais différenciée.
« Sans un financement à la hauteur, la transition écologique restera un luxe réservé aux pays riches », préviennent plusieurs ONG réunies à Belém, où les appels à une “transition juste” résonnent comme un mot d’ordre.
La COP30, qui s’achèvera le 21 novembre prochain, sera donc un test décisif, celui de la solidarité climatique mondiale dans un monde plus chaud, plus fragmenté, mais toujours en quête d’un avenir soutenable.
(AIP)
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