Reportage réalisé par Binta Soumahoro, envoyée spéciale
Fès (Maroc), 26 déc 2025 (AIP) – Le claquement régulier des métiers à tisser, le grésillement des soudures et le frottement des outils sur le bois rythment le quotidien du Centre de formation et de qualification en artisanat de Fès, où l’apprentissage se fait au contact direct des matières premières et des gestes ancestraux.
Dans les ateliers ouverts, les apprenants s’emploient à la confection de tasses en porcelaine finement décorées, de boubous richement brodés et d’écharpes ornées de motifs traditionnels. Ces réalisations traduisent un mode de formation fondé sur la transmission des savoir-faire et l’insertion professionnelle durable des jeunes.

Chaque année, le centre accueille entre 600 et 650 apprenants, essentiellement des adolescents et jeunes adultes en situation de déscolarisation, dans le cadre d’un programme dédié à l’apprentissage de métiers artisanaux.
Selon le directeur du centre, Aboujaafar Ahmed, l’établissement a pour vocation « d’offrir une seconde chance aux jeunes ayant interrompu leur cursus scolaire, dès le niveau de la sixième, en leur permettant d’acquérir une qualification professionnelle ».
Mis en place à l’initiative de la Fondation Mohammed VI pour la promotion des œuvres sociales dans l’éducation et la formation, et géré par une association en partenariat avec plusieurs ministères, le centre propose des formations dans 25 métiers artisanaux considérés comme menacés de disparition. Il s’agit notamment du tournage du bois, de la tannerie, de la bijouterie, de la sellerie, du tissage, de la poterie et de la reliure de livres.
Un modèle de formation par apprentissage
La formation repose sur un modèle pédagogique axé sur l’apprentissage, dans lequel la pratique représente environ 80 % du temps de formation. Vingt-cinq artisans professionnels exercent au sein même du centre et assurent l’encadrement technique des apprenants.
« Les artisans disposent d’ateliers équipés où ils produisent, et en contrepartie, ils forment les jeunes », explique Aboujaafar Ahmed, précisant que ce dispositif constitue une première au Maroc dans le domaine de la formation artisanale.
Aménagés comme de véritables unités de production, les ateliers permettent aux apprenants d’acquérir des compétences immédiatement opérationnelles, en adéquation avec les exigences du marché du travail.
Un accompagnement après la formation
Selon la complexité du métier choisi, la durée de la formation varie d’une à deux années. À l’issue du parcours, les apprenants obtiennent un diplôme délivré par le ministère marocain de l’Artisanat. Le centre assure également un suivi post-formation afin d’évaluer l’insertion professionnelle des diplômés.
« Environ 80 % des jeunes formés parviennent à s’insérer, soit par la création de leur propre activité, soit par leur intégration dans des ateliers existants », souligne le directeur.

Le dispositif comprend en outre un institut de microfinance destiné à soutenir les projets jugés viables, dans l’objectif de faciliter l’installation des jeunes diplômés.
L’accès à la formation est entièrement gratuit. Aucun frais d’inscription ni de formation n’est exigé, même si des tests de sélection sont organisés dans les filières les plus sollicitées. Conformément aux accords en vigueur, 5 % des places sont réservées à des apprenants internationaux, notamment originaires d’Afrique.
Cette visite du centre s’inscrit dans un programme d’immersion visant à faire découvrir aux médias internationaux les politiques publiques, les initiatives sociales et le patrimoine culturel du Royaume du Maroc.
(AIP)
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