Abidjan, 05 août 2025 (AIP) – Le Conseil constitutionnel du Cameroun a confirmé le mardi 5 août 2025, le rejet de la candidature de l’opposant Maurice Kamto à l’élection présidentielle prévue le 12 octobre, mettant un terme à un long bras de fer politico-juridique engagé depuis plusieurs semaines.
Arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2018, l’ancien président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) s’était porté candidat cette année sous la bannière du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM), son propre parti n’étant plus éligible en raison de l’absence d’élus à la suite du boycott des élections législatives et municipales de 2020.
Le 26 juillet, Elections Cameroon (ELECAM), l’organe en charge de l’organisation des scrutins, avait écarté la candidature de Maurice Kamto en invoquant une « pluralité d’investitures » au sein du MANIDEM. Un autre militant de cette formation avait en effet également soumis sa candidature, ce qui est prohibé par le code électoral.
Dans la foulée, M. Kamto avait saisi le Conseil constitutionnel pour contester cette décision. Mais au terme de l’audience publique du mardi 5 août, son recours a été jugé recevable mais « non fondé » par le président du Conseil, Clément Atangana. « Le Conseil constitutionnel a estimé que la candidature [de Maurice Kamto] ne peut pas être valide et la conséquence immédiate, c’est qu’il ne participera pas à la compétition présidentielle », a déclaré son avocat, Me Hippolyte Meli Tiakouang.
Cette décision est définitive et ne peut faire l’objet d’aucun appel. L’annonce a provoqué des réactions mitigées. Tandis que le président du MANIDEM, Anicet Ekane, évoque une « décision politique » et annonce des consultations internes, le président par intérim du MRC, Mamadou Mota, y voit une « négation du processus démocratique ». L’ONG Human Rights Watch, pour sa part, a exprimé ses inquiétudes quant à la crédibilité du processus électoral, dénonçant une « répression accrue » à l’encontre des opposants.
Des tensions ont été signalées dans plusieurs quartiers de Yaoundé, où des forces de l’ordre ont été déployées en nombre, selon des témoins. Plusieurs personnes auraient été interpellées près des abords du Conseil constitutionnel, accusées de troubles à l’ordre public.
Douze candidats, dont les opposants Cabral Libii (PCRN) et Joshua Osih (SDF), ont vu leurs candidatures validées. Le président sortant Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982, brigue un huitième mandat dans un contexte de fortes attentes sociales, notamment chez les jeunes, qui représentent plus de la moitié de la population et font face à un chômage élevé.
(AIP)
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