Abidjan, 16 mai 2025 (AIP) – En Côte d’Ivoire, le numérique ne se contente plus de booster l’économie: il entre désormais dans les blocs opératoires, les centres de santé et les zones rurales pour sauver des vies. L’École supérieure africaine des technologies de l’information et de la communication (ESATIC) a lancé, le jeudi 15 mai 2025, un séminaire scientifique annuel de deux jours autour du thème « Industrie 4.0 au service de la santé », posant les bases d’une révolution technologique dans le système sanitaire ivoirien.
Réunissant experts nationaux et internationaux autour d’un enjeu stratégique, celui de faire des technologies émergentes un levier de souveraineté sanitaire et de développement, ce séminaire scientifique se veut un pari ambitieux que le pays veut relever en misant sur l’intelligence artificielle, l’Internet des objets ou encore la télémédecine pour bâtir une santé plus équitable, plus intelligente et plus résiliente.
Une santé holistique et intelligente
Devant un parterre d’experts, de médecins, de chercheurs et d’acteurs publics, le professeur Aliou Bamba, président du comité scientifique, a insisté sur l’urgence de décloisonner les secteurs et d’intégrer les innovations technologiques au cœur des politiques de santé. « La santé de demain sera systémique, holistique et intelligente », a-t-il affirmé, rappelant les enjeux du paradigme « One Health », qui lie la santé humaine, animale et environnementale dans une même chaîne de prévention.
Robotique chirurgicale, diagnostic assisté par intelligence artificielle, téléconsultations dans les zones reculées, surveillance épidémiologique par drones : les cas d’usage évoqués au cours du séminaire illustrent à quel point les technologies de l’industrie 4.0 ne sont plus réservées au seul secteur manufacturier. Pour le directeur général de l’ESATIC, Pr Adama Konaté, l’enjeu est clair: faire de l’école un hub d’innovation numérique capable de répondre aux défis de santé publique en partenariat avec les institutions médicales. Et de citer, à titre d’exemple, les essais entamés avec l’IA pour la détection précoce de maladies comme le cancer ou le diabète.
Cette dynamique est désormais soutenue par la stratégie nationale d’industrie 4.0, adoptée récemment, comme l’a rappelé Olivier Avoa, représentant du ministre de la Transition numérique. Une stratégie multisectorielle, déjà amorcée l’an dernier dans l’agriculture, et qui s’élargit aujourd’hui à la santé, domaine prioritaire pour la résilience et la souveraineté nationale.
Une réforme hospitalière en amont
Au nom du ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, M. Bléhiri Franck Simon, directeur de l’informatique et de la santé, a salué une initiative qui vient soutenir la réforme hospitalière entamée en 2019, avec l’introduction des TIC dans les hôpitaux publics. La dématérialisation des dossiers patients, la mise en place des hôpitaux intelligents ou encore le développement des systèmes d’information hospitaliers constituent autant de projets pilotes appelés à s’industrialiser dans les années à venir.
Pendant deux jours, conférences plénières, panels interdisciplinaires et démonstrations de startups ivoiriennes permettront d’explorer des pistes concrètes pour un système de santé ivoirien plus connecté, plus accessible et plus efficient. En ligne de mire : la constitution d’un réseau de recherche appliquée, la formulation de recommandations en matière de politiques publiques, et l’identification de projets communs entre les secteurs académiques, médicaux et technologiques.
« Le système de santé que nous bâtirons demain dépend de ce que nous osons construire aujourd’hui », a résumé Pr Aliou Bamba. Et l’industrie 4.0 pourrait bien en être la pierre angulaire.
(AIP)
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