Abidjan, 19 oct 2025 (AIP) – Le président du conseil d’administration (PCA) de la Confédération des organisations des victimes des crises ivoiriennes (COVICI), Kanté Lassina, a exhorté, samedi 18 octobre 2025 à Abidjan, les victimes des différentes crises qu’a connues la Côte d’Ivoire à transformer leur douleur en action citoyenne et à devenir des acteurs de paix pour une élection présidentielle sans violence.
S’exprimant lors d’une conférence organisée autour du thème « De la douleur à l’action citoyenne : les victimes des crises ivoiriennes, actrices de paix pour des scrutins sans violence », M. Kanté a rappelé que l’histoire récente du pays, marquée par des crises successives, a laissé des cicatrices visibles et invisibles, endeuillant des familles et brisant de nombreuses vies.
« Les élections, symboles d’engagement citoyen et participatif, se sont transformées en instruments de violence. C’est inacceptable pour une nation qui recèle tant de potentiel », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que la COVICI entend honorer les victimes non pas comme des symboles de souffrance, mais comme des bâtisseurs d’un avenir de paix et de démocratie.
Le PCA a invité les victimes à sensibiliser les communautés, à déconstruire les discours de haine et à promouvoir le dialogue intercommunautaire. Il a également appelé les leaders politiques à faire preuve de responsabilité en respectant les institutions et en privilégiant la paix :
« L’État n’est pas un butin, mais un service. Sachez perdre avec dignité et gagner avec humilité. Nous, les victimes, avons payé la dette de la violence. Tous unis, payons la dette de la paix », a-t-il lancé, appelant à une mobilisation collective pour une Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même.
S’adressant à la jeunesse, M. Kanté l’a exhortée à refuser toute manipulation et toute instrumentalisation à des fins de violence.
« Vous êtes le moteur de la Côte d’Ivoire, pas le combustible de la guerre. Votre force est dans l’urne, pas dans la pierre », a-t-il insisté.
Il a par ailleurs exhorté les médias et les leaders d’opinion à faire preuve de responsabilité, rappelant que « la plume et le micro sont plus puissants que les machettes », et les invitant à refuser de devenir des vecteurs de rumeurs et de division.
Au cours de la rencontre, les victimes ont bénéficié d’une sensibilisation sur la santé mentale animée par un spécialiste.
Créée en 2013, la COVICI regroupe plus d’une centaine d’organisations. Elle œuvre pour la promotion des droits humains, la défense des droits des victimes à la justice et à la réparation des préjudices subis, ainsi que pour la consolidation durable de la paix.
Selon la COVICI, les chiffres relatifs aux crises survenues entre 1990 et 2011 révèlent que, sur 874 055 demandes de réparation enregistrées, 316 954 dossiers ont été validés, contre 557 101 rejetés. Parmi ces dossiers figurent 0,77 % de victimes de violences basées sur le genre (VBG), 8,45 % de victimes de blessures graves, 6 % de meurtres et/ou de disparitions, et 84,78 % de victimes de destructions de biens.
(AIP)
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