Bondoukou, 5 déc 2025 (AIP) – L’enseignant-chercheur Prao Yao Séraphin, maître de conférences agrégé en économie à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, a présenté jeudi 4 décembre 2025 des propositions visant à améliorer l’employabilité des étudiants, lors d’un atelier du colloque international pluridisciplinaire de l’UFR Sciences humaines et sociales de l’Université de Bondoukou.
« L’Université de Bondoukou a eu raison de mettre l’employabilité des jeunes au cœur de ses préoccupations. En Côte d’Ivoire, malgré un taux officiel de chômage de 2,4 %, le chômage des jeunes reste autour de 20 %. Il est urgent de trouver des solutions pour que nos jeunes puissent contribuer pleinement au développement du pays », a déclaré Prao Yao Séraphin dans une intervention consacrée au capital humain et à l’insertion professionnelle.
Il a souligné que le renforcement du capital humain dépend de l’accès à l’éducation et aux aides publiques. « Le capital humain des jeunes est directement lié aux ressources de leurs familles. L’État doit jouer un rôle central en élargissant les bourses et les aides, car c’est ce qui permettra à nos jeunes d’acquérir des compétences et de s’insérer efficacement dans le marché de l’emploi », a-t-il expliqué.
Le chercheur a plaidé pour une professionnalisation accrue des formations universitaires. « Trop souvent, nos curriculums restent généralistes et déconnectés des besoins des entreprises. Il faut intégrer des stages dès les premières années, permettre aux étudiants de se familiariser avec le monde professionnel et aligner les formations sur les secteurs porteurs », a-t-il ajouté.
Il a relevé deux formes d’inadéquation entre formation et emploi : l’inadéquation horizontale, lorsque les compétences acquises ne correspondent pas au poste occupé, et l’inadéquation verticale, liée à la surqualification ou à la sous-qualification. « Un ingénieur en génie logiciel qui travaille comme comptable ou un docteur qui enseigne au lycée ne peut pleinement contribuer au développement du pays. C’est pour cela qu’il faut repenser la formation dès le départ », a-t-il précisé.
Prao Yao Séraphin a appelé à une coordination interministérielle pour définir une stratégie cohérente d’insertion professionnelle. « Si nous ne faisons pas ces réformes profondes, les jeunes risquent de devenir une bombe à retardement sociale et économique », a-t-il averti.
L’atelier a permis des échanges sur les compétences transversales développées par les sciences humaines et sociales, ainsi que sur les opportunités liées à l’innovation, au développement durable et à l’entrepreneuriat social.
Les discussions ont porté sur les cinq axes du colloque : transformation des systèmes éducatifs et du marché du travail, politiques publiques et employabilité, inégalités sociales et perception des SHS, impact des technologies numériques sur l’emploi, et initiatives locales et régionales pour l’insertion professionnelle des diplômés.
(AIP)
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