Adiaké, déc 2024 (AIP)-Pendant des décennies, Adiaké, ville côtière du Sud-Est de la Côte d’Ivoire, a été la reine incontestée de la friperie. Les mercredis, jour de marché, des foules entières affluaient des quatre coins du pays pour profiter des bonnes affaires. Les vendeurs de “yougou-yougou” ou “babéro” comme on appelle ici la friperie, voyaient leurs étals pris d’assaut. Mais ce temps semble révolu. Aujourd’hui, les marchands se retrouvent dans un marché presque désert.
“Avant, on avait même du mal à circuler le jour du marché tellement il y avait de monde. Aujourd’hui, on voit des marchands qui se tournent les pouces parce que les clients se font rares, très rares même. Pendant les moments de fête, toute une famille pouvait venir s’habiller ici dans ce marché de friperie. On était aussi souvent heureux de trouver, dans des poches de costumes ou de pantalons achetés, des billets de dollars ou de francs français”, explique, nostalgique, Lucien Kablankan, photojournaliste et originaire d’Adiaké.
Le déclin de la friperie à Adiaké est palpable. Président des vendeurs de friperie, Samuel Ako Kodjo, exprime l’inquiétude de toute une communauté de commerçants qui peine à retrouver sa clientèle d’antan.
“Les clients ne viennent plus comme avant. C’est devenu trop calme ici, et nos affaires en souffrent, et cela depuis qu’on ne décharge plus la marchandise au débarcadère ici”, fait-il savoir, avec un air triste.
Certains clients, comme Assémien Badolo, venu de Daloa, sont déçus par ce qu’ils trouvent.
“Je suis venu en espérant retrouver les prix bas de l’époque, mais je constate que tout est devenu cher. Ce n’est plus le marché d’autrefois”, a regretté M. Assemien.
Face à cette hausse des prix, les commerçants se défendent. Selon eux, cette situation n’est pas de leur fait.

“Les prix d’importation augmentent, et cela se répercute sur les clients. On ne peut rien y faire. Toutes les marchandises sont désormais déchargées à Abidjan. Et nous, les commerçants, nous y allons pour nous approvisionner. Tout cela augmente le coût de la marchandise”, explique Hanfred Kwame, commerçant.
Mais si Adiaké n’est plus la reine de la friperie, la ville n’a pas pour autant perdu tout son dynamisme. Elle se réinvente peu à peu en misant sur la culture et le tourisme, notamment grâce à des événements comme l’Êlê Festival, qui met en lumière le riche patrimoine de la région.
“Après Êlê Festival, beaucoup de personnes cherchent à s’installer à Adiaké. Aujourd’hui, nous avons à Adiaké des réceptifs hôteliers auxquels nous ne pensions pas il y a quelques années, et cela grâce à Êlê Festival”, s’était réjoui le maire Yacouba Hien Sié lors du lancement de la 8ème édition d’Êlê Festival.
La ville s’est également dotée d’un autre événement, le Festival Gastronomique d’Adiaké, qui attire chaque année un public de plus en plus large.

Ainsi, Adiaké, autrefois capitale de la friperie, s’ouvre à de nouveaux horizons. La ville cherche un second souffle et espère qu’avec le soutien de ses habitants et de ses dirigeants, elle continuera de rayonner dans une autre direction. Un avenir peut-être différent, mais tout aussi prometteur.
(AIP)
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