Abidjan, 13 oct 2025 (AIP) – Le candidat indépendant à l’élection présidentielle, Ahoua Don Mello, a appelé à une rupture « radicale » avec le modèle économique actuel qu’il qualifie d’« excluant » et « insoutenable », dans son projet de société transmis à l’AIP.
Selon Don Mello, la Côte d’Ivoire connaît depuis 2011 une croissance annuelle moyenne de 7 %, principalement portée par les investissements étrangers. Une dynamique qu’il juge déséquilibrée, car « entretenue par une perfusion de capitaux étrangers, excluant les agents économiques nationaux de la chaîne de valeur tout en leur laissant le fardeau de la dette ».
Il estime que les politiques économiques actuelles aggravent la précarité des populations à travers « l’endettement, la hausse des prix des produits de consommation et la pression fiscale sur les opérateurs locaux ». Il cite un taux de pauvreté de près de 40 % et un indice de développement humain (IDH) de 0,538 en 2019, plaçant la Côte d’Ivoire au sixième rang de la région ouest-africaine, derrière le Cap-Vert, le Ghana, le Nigeria, la Mauritanie et le Bénin.
« Cette croissance n’a pas déclenché le développement. Elle n’est durable que si la dette est soutenable, ce qui n’est pas le cas », affirme-t-il, mettant en avant un déséquilibre entre la richesse produite et celle qui reste effectivement dans le pays : « Le contenu local dans le PIB, c’est-à-dire la part des revenus revenant aux nationaux, reste trop faible ».
Dans son analyse du budget 2025, le candidat indique que l’État prévoit d’emprunter 6 020,3 milliards de FCFA, dont 5 441 milliards consacrés au service de la dette, soit plus de 90 % des emprunts prévus. « Emprunter pour rembourser la dette aggrave le ratio dette extérieure/exportations et expose le pays à un risque de surendettement et à une perte de souveraineté », avertit-il.
Pour inverser cette tendance, il propose une « approche disruptive et vigoureuse » visant à renforcer la valeur ajoutée locale, améliorer la rentabilité des exportations et placer le citoyen au centre du développement. Ces mesures, selon lui, doivent permettre de réduire le surendettement, d’accroître les revenus nationaux et de lutter contre la pauvreté.
Le candidat présente cette orientation comme une « guerre économique contre la dépendance », qu’il relie à la place de fournisseur de matières premières assignée à l’Afrique. Il estime que cette bataille devra affronter « les instruments de domination économique et sécuritaire » et les limites d’un multipartisme encore inachevé.
Ces réflexions s’inscrivent dans son programme intitulé « 42 propositions pour la démocratie, la souveraineté et le panafricanisme dans un monde multipolaire », qu’il entend défendre tout au long de la campagne présidentielle.
(AIP)
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