Bondoukou, 09 avr 2024 (AIP) – Une mobilisation populaire a été manifeste, samedi 6 et dimanche 7 avril 2024 à Bondoukou, lors des festivités marquant la valorisation du vivre ensemble et de la célébration de la danse populaire de réjouissance des jeunes filles dénommée Kroubi, qui se présente comme une rencontre populaire et un creuset de rapprochement communautaire des populations.
Cette danse traditionnelle met en relief des jeunes filles de cinq à 25 ans, vêtues d’habits d’appârat, et perchées à une hauteur de près de trois mètres sur des poutres, tenant dans leurs mains des queues de chevaux, de façon synchronisée au rythme d’un son musical.
Présent au nom du ministre d’Etat, Kobenan Kouassi Adjoumani, le député suppléant Souadikou Ouattara a rappelé que cette fête de réjouissance est une tradition qui participe à la valorisation de la paix, de la fraternité et de la cohésion à Bondoukou.
Interrogé par l’AIP, le directeur du musée de Bondoukou, Bema Ouattara, a reconnu que cette danse pratiquée par les jeunes filles vierges et prêtes à être des futures épouses a lieu tous les ans, trois jours avant la fin du mois de Ramadan. « Il commence la nuit du 27e jour de Ramadan et prend fin le lendemain à midi », a-t-il dit.
Pour M. Ouattara, cette fête visait autrefois à mettre en éveil les hommes en prière pendant la Nuit du Destin, une nuit spirituelle très importante pour la communauté musulmane. C’est une façon pour les femmes de se rapprocher un peu plus de Dieu avec des cantiques et louanges.
Selon un adage populaire, a indiqué une habitante de cette localité, N.T, les jeunes filles assises sur l’échafaudage à trois mètres du sol peuvent s’écrouler si l’une d’entre elles n’est pas vierge.
Cette rencontre permet également aux jeunes filles qui vont se marier après le Ramadan de faire leur dernière sortie en célibataire, et à leurs familles d’exprimer leur fierté de les voir toujours vierges.
Lors de cette rencontre populaire, dimanche 7 avril 2024, la fiancée Gbané Fatim a été présentée à son fiancé publiquement, sous les ovations de ses parents, amis et connaissances. A la faveur de cet instant de réjouissances, des jeunes filles et des milliers de spectateurs étaient disséminés dans les grandes artères de la « ville aux mille mosquées », aux quartiers Malagasso, Djiminosso et Zanzan.
Portées par une ferveur particulière, ces jeunes, femmes et hommes ont magnifié l’élégance et la joie de vivre. Des femmes interrogées disent avoir investi plus de 60 000 FCFA par enfant pour leur habillement, sans oublier les dépenses extra et imprévus liées à la restauration et aux charges divers.
Les différentes familles de Bondoukou ont rivalisé d’adresse et d’imagination pour marquer d’une pierre blanche cette célébration communautaire. De différents horizons ethniques et culturels, les participantes ont chanté, se sont trémoussés, avec force et faste.
A plusieurs points névralgiques de la commune, ces jeunes filles, guidées par des femmes un peu plus âgées, ont attiré l’attention des curieux impressionnés par la cadence des pas de cette danse qui se tient à quelques jours de la fête de Ramadan, marquant la fin du mois de jeûne.
Cette célébration populaire, du fait qu’elle est étroitement rattachée à la célébration du Ramadan, est généralement pratiqué dans le Nord, le Nord-Est et vers le Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire. Dans le Nord-Est du pays, principalement à Bondoukou, le Kroubi prend un caractère beaucoup plus festif, convivial et très populaire, selon Bema Ouattara.
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