Tortiya, 27 mars 2025 (AIP) – Située dans le nord de la Côte d’Ivoire, la sous-préfecture et commune de Tortiya , dans le département de Niakara (Centre-nord, région du Hambol), se distingue par son histoire liée à l’exploitation du diamant et par son riche brassage culturel.
De son âge d’or minier à son évolution administrative et démographique, Tortiya est un véritable témoin des dynamiques économiques et sociales qui ont marqué la région de la Vallée du Bandama.
Une naissance sous le signe du diamant
L’histoire de Tortiya débute en 1947 avec la découverte d’un important gisement de diamants sur le Bou, un affluent du Bandama, par la Société anonyme de recherche et d’exploitation minière de Côte d’Ivoire (SAREMCI), une entreprise française créée en 1945.
Le site doit son nom à l’explorateur Yves Malaurant, qui l’a baptisé Tortiya, inspiré du mot espagnol “tortilla”, signifiant “omelette”.
L’exploitation minière prend rapidement de l’ampleur. Entre 1948 et 1954, la production passe de 8 403 carats à plus de 100 000 carats annuels, avec 50 % des pierres destinées à la joaillerie. Jusqu’en 1975, la ville est administrée par le Conseil d’administration de la SAREMCI, qui assure la gestion des infrastructures et services essentiels.

Cependant, la fermeture de la société en 1975 marque un tournant, conduisant à l’érection de Tortiya en sous-préfecture, juridiction administrative placée aujourd’hui sous l’autorité sous-préfectorale de Mme Georgette Bakou,
Une tentative de relance de l’exploitation est initiée en 1978 avec la société TORTIYA SA, impliquant des cadres ivoiriens. Toutefois, cette initiative est de courte durée, cessant ses activités après un ou deux ans d’existence.illustrant l’impact économique et social des ressources naturelles sur les communautés.
Un boom démographique et une transformation administrative
Après la fermeture de la SAREMCI, le site minier reste protégé par l’État pendant quelques années. Cependant, en 1983, la crise économique qui frappe la Côte d’Ivoire provoque une ruée vers le diamant, entraînant un afflux massif de populations en quelques mois. Selon le recensement général de 1988, Tortiya devient la sous-préfecture la plus peuplée de la Vallée du Bandama après Bouaké et Tiébissou, dépassant même Katiola, le chef-lieu du département de cette époque.
Autrefois rattachée au département de Katiola, Tortiya fait désormais partie du département de Niakara, à 47 km à l’ouest de son chef-lieu.
La commune de Tortiya, créée en 1996, compte aujourd’hui plus de 35 000 habitants et comprend, en plus de la ville de Tortiya, deux autres villages : Tenindiéri et Kationron. La sous-préfecture englobe quant à elle une dizaine de villages, parmi lesquels Lotchalga, Nabédjakaha, Songorokaha, Zanakaha et Sangadiokaha.
Un modèle de brassage culturel et d’intégration sous-régionale
Avec une population très diverse, Tortiya se distingue par un brassage culturel harmonieux. Outre les autochtones Sénoufo, comprenant les sous-groupes Nafanra, Tiébara, Tagbanan et Koufôlô, la ville accueille une forte présence de communautés étrangères venues d’Afrique de l’Ouest, attirées par l’exploitation minière et les opportunités économiques. Ce métissage en fait un exemple d’intégration sous-régionale réussie, où cohabitent différentes cultures dans un esprit de tolérance , de solidarité et de fraternité.
Aujourd’hui, malgré le déclin de l’activité minière qui illustre l’impact économique et social des ressources naturelles sur les communautés., la ville de Tortiya dirigée par le maire Blaise Coulibaly Kinampinan et son équipe municipale, cherche à se réinventer à travers l’agriculture et le commerce.
La valorisation de son riche passé et le renforcement de son dynamisme économique pourraient offrir à la ville un nouvel élan vers un développement durables L’achèvement des travaux de bitumage de la route Niakara-Tortiya, longue de 53 kilomètres, et la construction de réceptifs hôteliers contribueront à faire de la ville de Tortiya une destination touristique privilégiée.

Actuellement, la ville est marquée par la culture intensive de la banane dessert de qualité supérieure, menée par la Société de culture bananière (SCB) et plusieurs producteurs réunis au sein de la Société coopérative simplifiée de Banane du Nord (SCOOPS Bananord) de Nabédjakaha. Outre l’approvisionnement national, cette production est importée vers les pays de l’hinterland et surtout ceux de l’Europe.
D’autres acteurs pratiquent également la culture de vivriers destinés au marché, tels que le concombre, la tomate, l’oignon, l’aubergine, le riz, le maïs, ainsi que des cultures industrielles comme l’anacarde et le coton.
Le meilleur producteur individuel de vivrier et de cultures émergentes de l’édition 2024 du prix national d’excellence, Mikanidio Yéo, est originaire de la localité de Tortiya. Il a modernisé ses activités agricoles en procédant à l’acquisition de tracteurs, de faucheuses motorisées et de semences améliorées.
(AIP)
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