Aboisso, 10 juin 2025 (AIP) – La Tabaski a transcendé sa dimension religieuse pour devenir, cette année encore, un puissant symbole de cohésion, de générosité et de communion familiale dans la ville d’Aboisso. Incursion au cœur des célébrations pour recueillir les témoignages de ceux qui font vivre l’esprit de la Tabaski.
Dans le quartier de Sokoura, Camara Idrissa alias Madjer a quitté son domicile pour rejoindre une concession. C’est la cour familiale. Sur place, parents, enfants et petits-enfants se retrouvent dans une ambiance empreinte de chaleur humaine.
« C’est l’occasion pour toute la famille de se rassembler. C’est une tradition pour nous. Chaque année, nous nous retrouvons autour de nos parents pour faire la fête », affirme-t-il, le regard tourné vers ses proches réunis.
À ses côtés, Ousmane Camara, son jeune frère et conseiller extrascolaire, a fait le déplacement depuis Koffikro, situé à une vingtaine de kilomètres.
« Il est impensable pour moi de rater ce moment. C’est d’ailleurs l’occasion de revoir les membres de la famille qu’on n’a pas l’occasion de voir souvent. Nos enfants aussi saisissent l’occasion pour se connaître », explique-t-il, un large sourire aux lèvres.
Un peu plus loin, dans une concession, une jeune institutrice pile le foutou avec d’autres femmes. Elle est venue de Tiéningué, une localité du centre-nord de la Côte d’Ivoire. Elle insiste sur l’importance de ce rendez-vous familial.
« La Tabaski, c’est sacré pour nous », déclare Mariam Koné avec fierté. Fatoumata Coulibaly, étudiante venue d’Abidjan, partage le même sentiment.

« Je reviens chaque année. C’est une tradition que je tiens à respecter. Hier, c’est aux environs de 23 h que je suis arrivée à Aboisso. J’y tenais », confie-t-elle, émue.
Au-delà des prières, la fête s’exprime aussi par des gestes de solidarité. Koumba Sow, ménagère, s’affaire en cuisine pour préparer de la viande à partager avec les voisins.
«C’est comme ça ici. Chaque année, on prépare toutes sortes de nourritures qu’on distribue aux voisins », dit-elle, tout en tendant un plat fumant à un enfant.
Aïchata Diawara, elle aussi ménagère, se dirige vers la maison de sa voisine, les bras chargés de mets. « Ce geste renforce nos liens », souligne-t-elle, en frappant doucement à la porte. Dans une autre cour, Ibrahim Sow, maître de céans, a convié aussi bien des musulmans que des non-musulmans à sa table.
« La Tabaski, c’est le vivre-ensemble avant tout », explique-t-il, en servant du thé à ses invités. Le directeur général adjoint du conseil régional du Sud-Comoé, Paul Animan, salue cette initiative.
« Ces moments tissent une société plus unie », souligne-t-il avec conviction. Enfin, Hamed Traoré, fidèle musulman, offre à ses amis un instant de convivialité autour d’un thé fumant, près du fourneau où grille un mouton braisé.
« C’est notre manière de célébrer la paix et la fraternité », dit-il, en riant avec ses invités.
À Aboisso, la Tabaski 2026 aura été bien plus qu’une fête religieuse. Elle a incarné l’unité, la paix et la fraternité — autant de valeurs essentielles que la communauté locale a su mettre en lumière avec éclat.
(AIP)
Par Ahoulou Konan Noël,
Chef du bureau régional de l’AIP à Aboisso