Abidjan, 13 mars 2024 (AIP)- Des femmes du domaine scientifique ont partagé leurs expériences conjointes sur l’intégration des femmes et des jeunes africaines dans les filières des Sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM), lors d’un webinaire organisé mardi 12 mars 2024 par le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) en collaboration avec le Forum Galien Afrique.
Ces échanges autour du thème « les femmes dans les STIM en Afrique : opportunités et obstacles », ont relevé que pour une meilleure inclusivité, il faut que les gouvernements africains et les familles créent un environnement et un accompagnement attrayants pour les filles.
Selon l’ancienne ministre d’Etat sénégalaise, professeur Awa Marie Coll Seck, les choses ont bien évoluées si l’on s’en tient à plus d’une trentaine d’années en arrière lorsqu’elle-même débutait ses études au lycée et à la faculté de pharmacie de l’Université Cheick Anta Diop (UCAD) de Dakar. « Il me fallait concilier la vie sociale, familiale, estudiantine et professionnelle. J’ai eu le soutien de ma famille et de mon époux. En plus, j’ai bénéficié de bourses pour me perfectionner hors du pays. Ce n’était pas aisé, mais j’ai tenu ferme. C’est pourquoi je me mets en première ligne pour permettre aux jeunes filles qui veulent embrasser la carrière des STIM d’avoir des opportunités. Mais la lutte doit continuer. J’exhorte les femmes à abandonner l’autolimitation et à rejeter les stéréotypes du genre», a-t-elle expliqué, à l’entame de la conférence. Pr Coll Seck est par ailleurs présidente de l’Association Galien Afrique.
« Dans nos sociétés africaines, la différence se fait dès le bas-âge dans les familles entre les filles et les garçons. Généralement, les garçons sont scolarisés au détriment des filles qui seront mises en mariage (et très souvent déscolarisées) dès le début de l’adolescence. Et quand bien même elles sont scolarisées, elles sont orientées automatiquement dans des filières telles que le secrétariat bureautique et/ou vers l’artisanat (couture, coiffure…), alors qu’elles peuvent très bien embrasser les STIM. Nous devons quitter ce formatage-là et créer des opportunités pour les jeunes filles », a soutenu la Bissau-guinéenne, Dr Magda Robalo Correia Silva, qui cumule près de 30 ans d’expérience professionnelle dans le domaine de la santé publique dans le cadre des programmes nationaux et locaux de l’OMS, de l’UNICEF. Elle est une militante mondiale renommée pour l’égalité des sexes et membre fondatrice de l’Initiative lusophone de la section portugaise de Women in Global Health.
Toutes sont unanimes sur l’impérieuse nécessité de l’éducation scolaire et aussi de l’alphabétisation des femmes des zones rurales. « En tant que femme africaine, notre challenge est plus grand car il faut allier foyer, études et performance professionnelle. Aussi, il faudrait qu’il y ai cette parité homme-femme dans divers domaines, car à travail égal salaire égal. Comme exemple, il faut installer des crèches dans les services qui permettront aux mamans d’être plus proches et sans stress lorsqu’elles sont nourrices et doivent concomitamment honorer leur engagement professionnel. Il faut sensibiliser et éduquer le jeune garçon de sorte que dans l’avenir, nous ayons des hommes qui ne se sentent pas +menacés et/ou écrasés+, que ce soit en famille, à l’école ou au travail, mais plutôt d’en faire des partenaires », espère la professeure ougandaise en santé publique, Rhoda Wanyenze, de l’Université de Makéré (Ouganda).
La rectrice de l’Université du Sine Saloum El-Hâdj Ibrahima Niass (USSEIN-Sénégal), professeure Ndèye Coumba Touré Kane, affirme qu’il faut en plus de l’environnement favorable qui doit être créé pour les jeunes filles brillantes dans les STIM, il faut un mentoring, faire une discrimination positive dans l’octroi des bourses, et créer des Prix d’excellence (exemple : miss mathématiques) pour maintenir la flamme et inciter d’autres filles. « Les filles sont malheureusement caricaturées dans des filières littéraires, alors qu’elle sont toutes aussi percutantes en sciences. Les femmes doivent avoir un engagement ferme, mais surtout, maintenir cette flamme pour faire une place plus grande pour les générations futures. Elles doivent être des leaders dans leur milieu social et professionnel », dit-elle.
Parmi les lauréats de l’édition 2023 du Prix Galien Afrique des jeunes innovateurs pour la santé, et directrice de l’initiative Yiya Solutions, l’Ougandaise Sheeba Niwensiima, souhaite que les filles s’intéressent davantage à ce genre de Prix qui célèbrent la créativité et l’excellence dans le domaine de la science en Afrique. « Pour cela, il nous faut des mentors qui nous inspirent et nous coachent, des bourses et une mobilité estudiantine qui nous ouvriront plus l’esprit et nous permettront d’arriver au sommet ». Yiya Solutions est un programme d’apprentissage interactif conçu pour imiter la structure des cours en ligne ouverts massifs, mais avec la grande particularité que les apprenants ici n’ont pas besoin d’Internet ou d’un appareil intelligent pour accéder aux contenus.
Ce webinaire, organisé dans le cadre de la Journée internationale des droits de la femme (JIF) célébrée chaque 08 mars, a réuni plus de 70 auditeurs. Il a été également co-organisé par l’ONG Speak Up Africa, un groupe d’action politique et de plaidoyer qui se consacre à catalyser le leadership, à favoriser le changement de politique et à accroître la sensibilisation au développement durable en Afrique, et le Forum Galien Afrique qui est la section africaine du Forum Galien dont le temps fort est le Prix Galien qui se positionne comme le prix Nobel en recherche biopharmaceutique.
(AIP)
tls/tm