Par Son Désirée
Abidjan, 08 avr 2024 (AIP) – Dans une interview accordée à l’AIP, l’ambassadeur de l’Iran en Côte d’Ivoire, Amir Hossein Nikbin se prononce sur la coopération avec l’Etat ivoirien et évoque la crise israélo-palestinienne dont la solution viendrait par la fin de l’occupation et la tenue d’un référendum avec la présence de tous les citoyens palestiniens.
AIP : Le 1er avril de cette année, le consulat d’Iran à Damas, en Syrie, a été la cible d’une d’attaque par Israël, causant des pertes en vie humaine. Comment réagissez vous à cet incident?
Ce crime du régime sioniste est une action très dangereuse et sans précédent dans l’histoire du système international et constitue une violation flagrante de la Convention de Vienne de 1961 sur le respect aux droits et à l’immunité des lieux diplomatiques. Ce régime viole également les droits internationaux et la Charte des Nations Unies en violant la souveraineté de la Syrie et en ciblant des lieux diplomatiques, ce qui a conduit au martyre d’un grand nombre de nos conseillers et menacé la paix, la stabilité et la sécurité régionale et internationale. La désobéissance de ce régime à la résolution du Conseil de sécurité portant sur le cessez-le-feu immédiat et à la décision de la Cour internationale concernant la cessation du génocide perpétré par ce régime dans la crise de Gaza a montré que ce régime n’engage aucun principe juridique, moral et même humanitaire. Dans ce contexte, nous demandons à la communauté internationale, tout en condamnant cet acte du régime sioniste, de ne pas garder le silence sur le crime mentionné et de prendre des mesures pour empêcher la répétition d’une telle catastrophe dans le système international.
AIP : Quelle est votre opinion sur la réponse apportée à la problématique entre Israël et la Palestine ?
Pour répondre à cette question, il vaut mieux remonter quelques décennies en arrière. Il y a 75 ans, en occupant les terres palestiniennes, le régime sioniste a pris de vastes mesures pour forcer le peuple palestinien à se déplacer. Notre évaluation est que l’opération du 7 octobre menée par le Hamas était en réalité une réaction aux actions inhumaines du régime d’apartheid d’Israël au cours de ces années contre le peuple opprimé de la Palestine. Aujourd’hui, après 180 jours d’attaques israéliennes sur Gaza, plus de 33 000 Palestiniens ont perdu la vie dont des femmes et des enfants sans défense. Pendant ce temps, le régime d’apartheid d’Israël a frappé cruellement les hôpitaux et les centres médicaux. À notre avis, la solution pour mettre fin à la situation désastreuse actuelle consiste uniquement à établir un cessez-le-feu immédiat, à fournir et à envoyer des aides humanitaires comme de la nourriture et des médicaments à la population souffrant de Gaza ainsi que la libération des prisonniers. D’un autre côté, nous croyons que la solution pour mettre fin à la crise la plus ancienne et la plus douloureuse du siècle dernier dans la région et dans le monde passe par la fin de l’occupation et la tenue d’un référendum avec la présence de tous les citoyens palestiniens y compris résidents et réfugiés, dans le but de déterminer leur destin politique et d’atteindre leurs droits légitimes.
AIP : A quand remonte le début des relations entre la Côte d’Ivoire et l’Iran ? Et dans quels domaines ces deux pays coopèrent-ils ensemble ?
Les relations entre les deux pays sont des relations de longue date dont le début remonte à 1975. Ces relations se développent dans le domaine économique et nous assistons à la bonne activité des entreprises iraniennes dans divers secteurs tels que l’exportation et l’importation, la construction et l’exportation de services techniques et d’ingénierie. Parmi les autres domaines de coopération figurent les activités humanitaires du Centre médical du Croissant-Rouge de la République Islamique d’Iran à Abidjan depuis 2003. Également, dans le cadre de la coopération scientifique entre les deux pays, l’Université Internationale Al-Mustafa forme depuis de nombreuses années les jeunes ivoiriens dans divers domaines. En outre, l’Université Félix Houphouët-Boigny a récemment été reconnue par le ministère des Sciences et de la Recherche de la République Islamique d’Iran.
AIP : Y-a-t-il d’autres domaines d’intervention ?
D’autres activités de la République Islamique d’Iran comprennent l’octroi de bourses, la formation technique et professionnelle dans divers domaines et la formation en langue persane. Bien entendu, les capacités et les potentiels des deux pays dans les domaines commerciaux, économiques et culturels sont très vastes, et le renforcement de ces coopérations nécessite la connaissance davantage des deux parties à travers l’échange de délégations et de discussions et la tenue des conférences, des forums, des expositions etc. Je crois que la tenue de la deuxième session de la commission mixte des deux pays dont la date sera annoncée prochainement par la Côte d’Ivoire, jouera un rôle important à cet égard.
AIP : Quelle est l’approche de l’Iran vis-à-vis de l’Afrique et quels sont les principaux domaines de coopération entre l’Iran et l’Afrique ?
Les coopérations étendues et approfondies avec le continent africain après la victoire de la Révolution Islamique iranienne constitue l’une des priorités de la politique étrangère de la République Islamique d’Iran et repose sur des intérêts mutuels. Le gouvernement de la République Islamique d’Iran et en particulier le Président Dr Raïssi, accordent une attention et un accent particuliers sur le renforcement des relations et de la coopération avec l’Afrique en augmentant le nombre d’ambassades, en échangeant des délégations et en organisant des commissions économiques conjointes afin d’activer, de renforcer et d’approfondir les relations avec l’Afrique. Actuellement, nous disposons de 23 ambassades sur le continent africain, qui s’efforcent d’améliorer et de renforcer le niveau des relations politiques et surtout économiques.
AIP : Rencontrez-vous quelques difficultés sur le continent ?
Bien qu’à l’heure actuelle, le niveau des relations économiques et politiques ne soit pas à la mesure des grandes capacités existantes entre l’Iran et les pays africains, je crois que le principal problème et obstacle est le manque d’informations et la méconnaissance des parties. Mais dans le nouveau gouvernement iranien, nous avons constaté une augmentation des relations politiques et économiques sous forme d’échange de délégations à différents niveaux et la tenue de commissions économiques et comités politiques conjoints avec différents pays du continent africain.
AIP : Comment comptez-vous améliorer cela ?
L’une des initiatives menées par la République Islamique d’Iran a été la tenue du premier Forum économique entre l’Iran et l’Afrique de l’Ouest en 2023. Cette année aussi, nous organisons du 26 au 30 avril, le deuxième Forum économique entre l’Iran et l’Afrique dans le but d’échange de connaissances mutuelles, de dialogue et d’échange de points de vue en présence de hautes autorités. Nous espérons voir bientôt une amélioration des relations de l’Iran avec tous les pays africains.
(AIP)
sdaf/tm