Abidjan, 14 avr 2025 (AIP)- Être loin de chez soi n’est jamais facile, mais l’Association diaspora des Ivoiriens en Chine (ADIC) se veut un phare, un point d’ancrage pour tous les Ivoiriens en Chine. L’association travaille activement à établir des ponts entre la communauté ivoirienne et les autorités chinoises, ainsi qu’avec d’autres communautés internationales. Dans une interview accordée à l’Agence ivoirienne de presse, le président de l’ADIC, Kichiedou Géraud Randolphe, a partagé jeudi 10 avril 2025, à Abidjan, sa vision, ses motivations et les défis rencontrés dans sa mission de service auprès de la communauté ivoirienne établie en Chine.
Qui est Kichiedou Randolphe et depuis quand êtes-vous à la tête de l’Association diaspora des Ivoiriens de Chine (ADIC) ?
Je suis diplômé MBA de l’université de Shandong et doctorant en agro-économie à l’Académie des sciences agricoles de Chine. Sur le plan professionnel, je suis le promoteur du média sino-africain sinoafrique média et le directeur général du Cabinet d’affaires sino-ivoirien Guanxi Management. J’occupe parallèlement dans le cadre de la coopération sino-africaine la fonction de directeur Afrique du Comité économique Chine-Afrique de Coopération et de développement dans la province de Shandong.
Il faut dire qu’avant d’aller en Chine, j’ai eu mon Baccalauréat G2 avec la mention Assez bien au lycée William Ponty de Yopougon, puis j’ai intégré l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB) où j’ai obtenu successivement les diplômes de DUT Finance Comptabilité et d’ingénieur ESAD à l’ESCAE.
Depuis le 05 avril 2024, j’ai l’honneur d’assumer, avec un engagement profond envers le bien-être de nos compatriotes et le renforcement des relations sino-ivoiriennes, la fonction de président de l’ADIC, une organisation structurée ayant pour mission de fédérer, accompagner et représenter la communauté ivoirienne en Chine.
Quel est le parcours personnel et professionnel qui vous a amené à vivre en Chine ?
Mon parcours en Chine s’inscrit dans une trajectoire à la fois académique, professionnelle et entrepreneuriale. En 2015, après mes premiers pas dans une structure bancaire en Côte d’Ivoire, j’ai été attiré par la dynamique économique chinoise et les opportunités qu’offre ce pays dans des secteurs clés.
Assumer la présidence de l’ADIC est une responsabilité exigeante, mais que je mène avec rigueur et organisation. Grâce à une équipe exécutive compétente et une vision stratégique bien définie, je parviens à concilier mes responsabilités professionnelles et associatives. Servir la communauté ivoirienne en Chine et contribuer au développement de la Côte d’Ivoire est un devoir que j’assume avec engagement et détermination.
Pouvez-vous nous expliquer la raison d’être et les objectifs principaux de l’ADIC ?
L’ADIC est bien plus qu’une simple association communautaire. Elle est une plateforme structurée qui vise à fédérer les Ivoiriens en Chine et à maximiser l’impact de la diaspora sur le développement de la Côte d’Ivoire. Au titre des principaux objectifs figurent, l’accompagnement et l’intégration des Ivoiriens en Chine sur les plans académique, professionnel et entrepreneurial, le renforcement de la coopération sino-ivoirienne à travers des initiatives favorisant les échanges économiques et culturels, l’impact sur le développement de la Côte d’Ivoire via des actions sociales et des projets de développement et des transferts de compétences inspirés du modèle chinois ainsi que la préservation et la promotion de l’identité culturelle ivoirienne en Chine.
Quelles sont les principales activités et initiatives que l’association met en œuvre pour soutenir les Ivoiriens en Chine ?
L’ADIC déploie une gamme variée d’initiatives visant à faciliter l’intégration, promouvoir la solidarité et créer des opportunités pour ses membres. A cet effet, nous avons mis en place un programme d’accueil et d’orientation pour les nouveaux arrivants afin de les accompagner dans leur installation. Des séminaires et conférences sur les opportunités d’affaires, la coopération sino-ivoirienne et l’insertion professionnelle sont également organisés. Aussi, des événements culturels et sportifs pour renforcer la cohésion et promouvoir l’identité ivoirienne sont initiés.
Un fonds de solidarité a été mis en place pour venir en aide aux membres en difficulté. Des projets d’impact sont aussi en cours d’exécution en Côte d’Ivoire, notamment dans l’éducation, la formation professionnelle et l’entrepreneuriat, inspirés des meilleures pratiques chinoises.
Comment l’association interagit-elle avec les autorités chinoises et l’ambassade de Côte d’Ivoire en Chine ?
L’ADIC entretient une relation active avec l’ambassade de Côte d’Ivoire en Chine et les autorités chinoises. Avec l’ambassade, nous collaborons sur les questions consulaires, l’orientation des Ivoiriens en Chine et le soutien aux initiatives communautaires. Nous faisons également remonter les préoccupations de nos compatriotes et travaillons ensemble pour trouver des solutions adaptées.
Du côté des autorités chinoises, nous veillons à maintenir un dialogue constructif en participant à des rencontres et en facilitant l’intégration des Ivoiriens dans le respect des lois locales. Nous explorons aussi des opportunités de coopération, notamment dans l’éducation, l’entrepreneuriat et les échanges économiques. Notre approche est simple. Il s’agit d’accompagner notre diaspora, renforcer les liens institutionnels et promouvoir une meilleure intégration des Ivoiriens en Chine.
Comment l’association envisage-t-elle son avenir et quels sont ses projets à long terme ?
L’ADIC ambitionne de consolider son rôle de pont entre la Chine et la Côte d’Ivoire en renforçant ses actions autour de trois axes majeurs. La première s’articule autour de l’éducation et la formation, pour accroître le transfert de compétences. Deuxièmement, il s’ agit de l’entrepreneuriat et les investissements, en facilitant l’accès des Ivoiriens aux opportunités économiques en Chine et en Côte d’Ivoire. Enfin, il y a des projets de développement en Côte d’Ivoire, en s’inspirant du modèle chinois de transformation économique et industrielle.
Quelles sont les principales motivations qui poussent les Ivoiriens à vivre et travailler en Chine ?
L’attrait pour un système éducatif de haut niveau, avec des filières techniques et scientifiques prisées. Les opportunités économiques et commerciales, la Chine étant un hub mondial du commerce. Le désir d’apprendre du modèle chinois de développement, qui peut être transposé en Côte d’Ivoire.
Quels sont les domaines d’activité les plus courants pour les Ivoiriens en Chine ?
Les Ivoiriens en Chine évoluent principalement dans trois grands secteurs à savoir les études, le commerce et le travail en entreprise.
D’abord, la Chine attire de nombreux étudiants ivoiriens grâce aux bourses d’études et aux opportunités académiques dans des domaines variés comme l’ingénierie, le commerce international ou encore l’agriculture.
De nombreux Ivoiriens font le lien entre la Chine et la Côte d’Ivoire en important divers produits (textiles, équipements, pièces détachées, etc.). Grâce à leur connaissance du marché chinois, certains deviennent des intermédiaires pour des entreprises ivoiriennes.
Nous avons aussi certains Ivoiriens qui travaillent pour des entreprises chinoises ou internationales sans oublier les entrepreneurs ivoiriens qui créent leur propre activité en Chine ou en Côte d’Ivoire en exploitant le savoir-faire acquis ici.
Quels sont les défis majeurs et comment l’ADIC aide-t-elle à les surmonter ?
Les principaux défis pour les Ivoiriens en Chine sont la barrière linguistique, l’intégration culturelle et les démarches administratives. Le mandarin est essentiel pour bien s’intégrer, et la différence culturelle nécessite un temps d’adaptation. En outre, la réglementation chinoise est stricte, ce qui peut compliquer les démarches administratives.
L’ADIC aide ses membres en offrant des séances d’orientation, des informations pratiques et un réseau de solidarité. Nous sensibilisons aussi à la législation locale et encourageons l’apprentissage du mandarin pour une meilleure intégration. Notre but est de faciliter l’adaptation des Ivoiriens et de les aider à réussir leur expérience en Chine tout en contribuant au développement de la Côte d’Ivoire.
Quels sont les aspects positifs de la vie en Chine pour les Ivoiriens ?
Vivre en Chine offre une expérience unique, et beaucoup d’Ivoiriens y trouvent des opportunités qu’ils n’auraient peut-être pas ailleurs. D’abord, il y a l’aspect économique : la Chine est une puissance mondiale avec un dynamisme qui attire ceux qui veulent entreprendre, apprendre et évoluer dans un environnement compétitif. Ensuite, les infrastructures sont modernes et permettent une qualité de vie appréciable, avec un cadre de vie sécurisé et organisé.
Un autre point important, c’est la richesse culturelle. La Chine a une histoire fascinante et une culture qui valorise le travail, l’innovation et la discipline. Beaucoup d’Ivoiriens en Chine s’imprègnent de ces valeurs et les réinvestissent dans leurs projets, que ce soit en Chine ou en Côte d’Ivoire. Enfin, pour ceux qui sont dans le domaine académique, la Chine offre un enseignement de qualité avec des spécialisations techniques et scientifiques de pointe.
Y a-t-il des spécificités de la diaspora ivoirienne en Chine ?
Absolument. Chaque diaspora a ses propres caractéristiques en fonction du pays d’accueil, et la communauté ivoirienne en Chine se distingue par plusieurs aspects. D’abord, c’est une diaspora encore en pleine structuration, mais avec une forte volonté de se fédérer et de s’organiser. Contrairement à certaines communautés africaines qui sont plus anciennes et plus établies dans d’autres pays, nous avons dû très tôt apprendre à nous adapter à un environnement culturel et linguistique très différent du nôtre.
Ensuite, ce qui nous différencie aussi, c’est notre ambition de tirer parti du modèle chinois. Beaucoup d’Ivoiriens en Chine sont en quête de compétences et d’expertise qu’ils veulent réinvestir en Côte d’Ivoire. C’est un état d’esprit qui fait que notre diaspora ne se contente pas seulement de vivre ici, mais cherche à capitaliser sur cette expérience pour impacter le développement de notre pays.
Enfin, nous avons une approche proactive du réseautage et de la coopération avec la Chine. L’ADIC joue un rôle clé dans la création de ponts entre les entrepreneurs, les étudiants et les acteurs du développement, ce qui nous permet de renforcer notre présence et notre crédibilité dans ce pays.
Comment l’association maintient-elle le lien avec la Côte d’Ivoire et promeut-elle la culture ivoirienne en Chine ?
C’est un point essentiel pour nous, car même si nous sommes en Chine, nous restons profondément attachés à la Côte d’Ivoire. L’ADIC maintient le lien avec la Côte d’Ivoire par une série d’initiatives concrètes. Nous collaborons activement avec l’ambassade de Côte d’Ivoire et d’autres institutions ivoiriennes pour soutenir nos compatriotes dans leurs démarches administratives et sociales. Nous utilisons des outils numériques, comme les réseaux sociaux et notre site web pour informer et mobiliser la communauté ivoirienne en Chine, tout en mettant en avant les évolutions économiques et sociales de la Côte d’Ivoire.
Quant à la communauté ivoirienne, je dirais simplement ceci “Restons unis et solidaires”. Notre présence ici en Chine est une opportunité de croissance personnelle et collective. Nous avons un rôle important à jouer dans le renforcement des relations entre nos deux pays. Ensemble, nous pouvons non seulement réussir ici, mais aussi contribuer au développement de la Côte d’Ivoire. L’ADIC sera toujours là pour vous accompagner dans cette démarche.”
(AIP)
tg/fmo
Interview réalisée par Tanguy Gahié