Abengourou, 22 avr 2025 (AIP)-« Paqui viéli, Paqui viéli », autrement dit : « Pâques est terminée, la fête est finie. » Ce refrain, repris en chœur par la foule de festivaliers, a marqué symboliquement, dimanche 20 avril 2025, la clôture des festivités de Paquinou à Abengourou. Pour cette édition, la communauté Gblo a décidé de déporter la culture Baoulé loin de ses terres d’origine pour faire résonner les traditions Gblo du centre de la Côte d’Ivoire dans l’est ivoirien au cœur du royaume N’Dénian.
Pendant plus de 11 heures, jeunes, femmes, enfants et anciens ont dansé côte à côte dans un esprit de partage. À la tombée de la nuit, la communauté Gblo et ses convives ont quitté la scène des festivités, située au quartier Plateau, chacun emportant avec lui cette magie Baoulé avec la promesse de se retrouver l’année prochaine, peut-être au même endroit, pour célébrer la vie, la foi et la tradition.
Un retour culturel en territoire Baoulé
L’événement s’est tenu dans l’enceinte de l’école primaire publique du Plateau, transformée pour l’occasion en un village Baoulé. Nattes colorées, tissus “kente”, pagnes tissés, objets artisanaux, effluves de mets traditionnels… Tout y était pour faire voyager les invités au cœur des racines Gblo de Diablo et de Languibonou.
Plus de 150 convives y ont été accueillis sous des arbres verdoyants dans une ambiance de culture et de tradition. Vêtus de leurs plus beaux pagnes, les membres de la communauté, jeunes et anciens, ont convergé vers ce lieu devenu l’épicentre pour vivre cette fête culturelle et communautaire, placée sous l’autorité du chef central de la communauté Gblo à Abengourou, Nanan Koffi Konan Norbert qui veillait avec solennité et bienveillance sur le déroulement de cette journée festive et chaleureuse.
Danses, chants et hommage à la beauté féminine
Les rythmes traditionnels ont résonné toute la journée, La musique du terroir baoulé, avec ses rythmes entraînants et ses mélodies envoûtantes, a pris le relais des prières et des célébrations religieuses.
Les troupes de danses ont exécuté avec brio les pas sacrés des ancêtres transmis de générations en générations. Les chants entonnés rappelaient les valeurs de courage, de solidarité et d’unité.
Un défilé traditionnel, véritable ode à la féminité Baoulé, a mis à l’honneur la beauté des femmes parées de tenues artisanales richement colorés, symboles de l’identité culturelle du peuple Baoulé et aux motifs expressifs racontant chacune une histoire.

Gastronomie : entre tradition et modernité
À table, la culture Baoulé s’est aussi exprimée avec fierté. Parmi les plats phares du jour, la célèbre sauce « Gnangnan » au vin, prisée pour son goût raffiné, a ravi les papilles. La sauce “Djougblé”, préparée à base de gombo sec et servie avec du foutou bien pilé, du « Placali » fait avec de la semoule de manioc a complété ce voyage culinaire. À cela s’ajoutait du poulet braisé, préparé exclusivement par les hommes.
Côté boissons, les festivaliers n’ont pas été en reste. Entre le vin, le gin, le célèbre « Bandji blanc » (le vin de palme traditionnel) très apprécié et d’autres liqueurs fortes aux arômes de racines, les breuvages ont abondamment circulé. Généreusement partagés, ils ont coulé à flots tout au long de la fête.
Paquinou comme socle de développement communautaire
Dans son adresse, le président de la communauté Gblo de Diabo et de Languibonou à Abengourou, Dr Amédé Kouakou Tola, a rappelé l’importance de cette célébration, qui, au-delà du cadre festif, vise à poser les bases d’un développement collectif durable.
« Cette fête est l’occasion de renforcer les liens de famille et la cohésion entre les membres de notre communauté et de réfléchir à notre contribution au développement local », a-t-il souligné, ajoutant que « la tradition est une force qu’il faut savoir transformer en levier d’avenir ».

Témoignages et vision des festivaliers pour Paquinou
Kouassi Amenan, jeune élève en classe de première, a exprimé sa joie de vivre Paquinou pour la première fois. N’ayant jamais participé à cette célébration auparavant, elle a confié sa fierté de découvrir la culture de son terroir.
« C’est une grande émotion pour moi de vivre Paquinou cette année. Je découvre pour la première fois la richesse de notre culture, et je me sens fière de partager ce moment avec toute la communauté. » Kouakou Parfait, également présent, ne regrette pas d’être resté en ville cette année.
« Je ne suis pas rentré au village parce que Paquinou se vit aussi en ville. Et cette célébration à Abengourou en est la preuve», a-t-il déclaré.
Yao Konan, jeune enseignant de 36 ans, a pour sa part souligné l’importance de cette fête dans la consolidation des liens communautaires .
« C’est un symbole de notre unité, de notre résilience et de notre héritage. Chaque année, cette célébration nous permet de nous reconnecter à nos racines et de transmettre ces valeurs aux générations futures », a-t-il dit.
Enfin, Loukou Michel, père de deux filles, voit en Paquinou une opportunité de développement pour les villages d’origine.
« Pour moi, Paquinou est bien plus qu’une fête. C’est un véritable point de départ pour le développement de nos villages. C’est aussi l’occasion d’ouvrir des perspectives pour un meilleur avenir pour notre communauté. », a-t-il estimé
(AIP)
nam/fmo
Reportage Marcel N’Gbesso
Chef du bureau régional d’Abengourou