Tortiya, 17 août 2025 (AIP) – Les consommateurs et les acteurs de la filière de Niakara et de Tortiya se renvoient la responsabilité du prix du kilogramme de la viande de bœuf désormais fixée à 2500 francs CFA sur les marchés de ces deux localités, a constaté l’AIP.
Le prix du kilogramme de viande de bœuf, qui a connu une augmentation de 500 FCFA dans ces villes, continue de susciter incompréhension et inquiétude au sein des consommateurs. Cependant, face à cette flambée, chaque partie prenante se justifie en se rejetant la faute.
Pour de nombreux habitants de Tortiya et de Niakara, à l’instar d’une habitante du quartier Djinantou (Tortiya), Awa Diabaté (27ans), cette hausse est jugée « incompréhensible » dans ces localités considérées comme des points d’élevage de bovins et d’approvisionnement en bétail.
Quant à Karim Traoré, ressortissant de Tortiya résidant à Boundiali, il s’est dit indigné de constater que c’est dans sa ville natale que la viande soit chère comparativement à d’autres localités du pays.
« Je réside à Boundiali où le kilo est vendu à 2 000 FCFA. Je ne comprends pas qu’à Tortiya, ma ville d’origine, il soit fixé à 2 500 FCFA. C’est de l’abus », a-t-il martélé. Selon lui, il revient aux leaders communautaires et religieux de saisir les autorités administratives locales pour des mesures urgentes en faveur des populations « déjà fragilisées par la pauvreté ».
Les bouchers, pour leur part, estiment être pris pour cibles à tort. Ils dénoncent la cherté du bétail acheté auprès des éleveurs, à des prix variant de 350 000 à 500 000 FCFA par tête.
« À ce prix, vendre le kilogramme de viande à 2 000 FCFA serait un véritable suicide financier », explique un boucher à Tortiya.
Des bouchers opérant à Niakara et à Tortiya soulignent également que nombre d’éleveurs de bovins préfèrent écouler leurs animaux vers les grandes villes, notamment à Bouaké, à Yamoussoukro ou à Abidjan, où la demande est plus forte et les marges de bénéfices plus intéressantes.
Les responsables de la filière bétail et viande apportent un éclairage supplémentaire. Pour eux, une partie de la responsabilité incombe aux consommateurs eux-mêmes.
« Quand les autorités compétentes, à Niakara et à Tortiya, ont interpellé les bouchers sur la hausse des prix, certains ont suspendu leurs ventes sur les marchés. Mais les populations , étonnamment, au lieu de les boycotter dans ce chantage, se sont rendues directement chez eux, à domicile, pour acheter la viande. Évidemment, cela a fragilisé toute tentative de régulation », confie un responsable local de la filière bovine à Niakara.
Aux yeux des opérateurs de la filière, ce comportement des clients a rendu les négociations difficiles, voire impossibles.
Face à cette situation, certains ménages aux revenus modestes se tournent vers des circuits parallèles de vente de viande à bas prix, avec des risques sanitaires non négligeables.
” On va faire comment ? on est obligé de vivre “, a déclaré, résignée, une ménagère à Niakara, Henriette Yao Akissi.
Pour le président de la jeunesse communale de Tortiya, Marius Koné, il s’agit d’un défi collectif.
« Personne n’est indifférent à la flambée des prix. Nous travaillons, avec les autorités locales, à trouver des solutions. Cette crise a déjà conduit certains bouchers à suspendre leurs activités », a-t-il relevé.
Ce jeu de responsabilités croisées met en lumière la complexité d’un marché local sans mécanisme durable de régulation. Dans ce contexte, une concertation tripartite entre autorités administratives, bouchers et consommateurs apparaît indispensable pour aboutir à un compromis équilibré et soutenir le pouvoir d’achat des ménages.
(AIP)
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