Abidjan, 20 jan 2024 (AIP)- La 42ᵉ session extraordinaire de l’Autorité intergouvernementale pour le développement de l’Afrique de l’Est (IGAD) a planché sur le différend entre la Somalie et l’Éthiopie, ainsi que la guerre dévastatrice au Soudan, rapportent des médias internationaux.
Lors de cette rencontre tenue jeudi 18 janvier 2024 en Ouganda, le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, a souligné l’importance d’un leadership audacieux dans la médiation des conflits en Afrique de l’Est lors de la réunion du bloc régional.
“Nous nous réunissons aujourd’hui avec un sentiment d’urgence alors que notre région est confrontée à des défis, qu’il s’agisse du conflit dévastateur dans notre pays frère, le Soudan, ou des récents développements dans les relations avec la Somalie et l’Éthiopie. Ces défis nécessitent un leadership audacieux, des engagements inébranlables et une vision commune qui transcende les frontières et les idéologies,” a souligné le président djiboutien.
Les autorités somaliennes ont dénoncé début janvier, l’accord entre le Somaliland et l’Ethiopie pour un accès d’Addis-Abeba à la Mer Rouge qu’elles considèrent comme une agression. Mogadiscio contestant la souveraineté de la région séparatiste du Somaliland. Les chefs d’État ont appelé au respect de la souveraineté de la Somalie tout en invitant Mogadiscio et Addis-Abeba au dialogue.
Le récent accord entre l’Éthiopie et le Somaliland, un territoire autoproclamé indépendant que Mogadiscio ne reconnaît pas, est à l’origine de tensions régionales palpables. Cette situation a provoqué une forte tension diplomatique entre les deux pays, avec la Somalie interdisant même un avion éthiopien de traverser son espace aérien. La Somalie a clairement déclaré qu’aucune médiation ne sera envisagée à moins que l’Éthiopie ne se retire de l’accord en question.
L’Éthiopie a choisi de ne pas participer au sommet de l’IGAD en invoquant un conflit d’emploi du temps avec le sommet des pays non-alignés également organisé à Kampala.
Les deux nations cherchent activement des soutiens diplomatiques, multipliant les rencontres avec des acteurs régionaux et internationaux. Le président somalien a récemment rencontré le chef de la CIA William Burns ainsi qu’une délégation qatarie, tandis que l’Éthiopie s’est entretenue avec des représentants émiratis, sud-africains, ougandais, slovènes et français.
En parallèle, la guerre au Soudan constitue un autre défi majeur pour l’IGAD. Depuis maintenant 9 mois, au Soudan, les combats opposent l’armée au paramilitaires dans ce pays.
A Entebe, le 18 janvier, le général Al-Burhan, le chef de l’armée et le patron des paramilitaires ont été appelés à se rencontrer dans un délai de 14 jours. Khartoum y voit, une violation de sa souveraineté et a pris ses distances avec le bloc régional d’Afrique de l’Est pour avoir en invité le chef paramilitaire au sommet.
Le chef de l’armée soudanaise, général Abdel-Fattah al-Burhan a choisi de boycotter le sommet, laissant la voie libre à son adversaire, le général Hemedti. Ce dernier, après une tournée régionale, a rencontré l’envoyé spécial de l’ONU, Ramtane Lamamra, exprimant son espoir que le sommet puisse contribuer à “changer l’image du Soudan” et se montrant ouvert à des négociations élargies.
La convocation dans un délai d’un mois, un processus contrôlé et dirigé par les Soudanais en vue de la mise en place d’un gouvernement démocratique au Soudan a aussi été évoquée.
Dans l’attente des développements à venir, l’IGAD se retrouve face à des défis diplomatiques complexes, avec l’avenir politique et humanitaire de la région suspendu à des négociations décisives.
Créé le 21 mars 1986, l’IGAD est un groupement régional qui réunit sept pays est-africains, à savoir la Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et l’Ouganda, fait-on savoir.
(AIP)
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