Bouaké, 23 fév 2024 (AIP)- La 34ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN 2023), dont les lampions se sont éteints le dimanche 11 février 2024 avec la finale remportée par les Eléphants de Côte d’Ivoire aux dépens des Super Eagles du Nigéria (2-1), a eu des retombées positives pour la ville de Bouaké et ses habitants.
Bouaké totalement relookée
En prélude à cette compétition sportive, la plus importante d’Afrique, la ville de Bouaké a été totalement relookée grâce à d’importants travaux de réalisation d’infrastructures routières, hôtelières et sportives afin d’accueillir les équipes du Groupe D et les nombreux visiteurs et férus du football dans les meilleures conditions.
Les infrastructures routières
La route nationale A3, notamment, le segment qui traverse la ville de Bouaké du Sud au Nord long de 8,7 km, a totalement changé de visage. Dotée jadis de deux voies, elle est passée à 2X2 voies avec terre-plein centrale et des aires de repos le long de la chaussée. Elle a également été dotée de nouveaux feux tricolores.
Outre la Nationale A3, la voirie urbaine a également fait l’objet de réhabilitation, notamment, dans les quartiers Commerce, Kennedy, Air France, Nimbo, N’Gattakro et Dar-es-Salam. De nouvelles voies ont même été bitumées, notamment, à Kennedy et N’Dakro.

Les infrastructures hôtelières
Ce relooking de la ville de Bouaké s’observe également au niveau des établissements hôteliers qui ont fait l’objet d’une cure de jouvence afin d’être aux normes FIFA. Des hôtels haut standing, tels que le Ran hôtel et l’hôtel du stade, aux hôtels de moyen standing, de loin les plus nombreux, se sont mis au diapason.
« En prélude à la CAN 2023, nous avons procédé à des travaux de réhabilitation et de rénovation sur fonds propres pour accroître nos capacités d’accueil pour pouvoir héberger le maximum de visiteurs », révèle la responsable commerciale de la Résidence Hôtel Eléphant, Kouakou Suzanne.

Les infrastructures sportives
L’organisation de la CAN 2023 par la Côte d’Ivoire a nécessité la construction de nouveaux stades à San Pedro, Korhogo et Yamoussoukro et la rénovation de deux anciens, notamment, le stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Plateau et le stade de la paix de Bouaké, en vue d’accroître leurs capacités d’accueil, les mettre aux normes sécuritaires et améliorer leur confort.
Construit en 1984 pour accueillir les matchs de la 14ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations organisée par la Côte d’Ivoire, le stade de la paix de Bouaké a vu sa capacité d’accueil passée de 25 000 à 40 000 places assises à l’issue des travaux dirigés par l’entreprise portugaise Mota Engil. Il est le deuxième stade plus grand du pays avec « le Félicia » (stade Félix Houphouët-Boigny).
Avec sa stature imposante, le stade de la paix, situé dans le quartier N’Gattakro, fait la fierté de la ville de Bouaké. Il n’est pas rare de voir des admirateurs prendre des photos aux abords de cette enceinte sportive qui a été le théâtre de plusieurs matchs de poule ainsi que des matchs à élimination directe de la CAN 2023, notamment, le huitième de finale Angola-Namibie, le quart de finale Mali-Côte d’Ivoire et la demi-finale Nigéria-Afrique du Sud.

En plus du stade de la paix, la ville de Bouaké a été dotée de quatre stades d’entraînement pour les équipes du Groupe D, notamment, les Fennecs d’Algérie, les Mourabitounes de Mauritanie, les Palancas Negras d’Angola et les Etalons du Burkina Faso.
Trois de ces infrastructures sportives sont logées dans des établissements scolaires, à savoir le lycée classique et moderne 1, le lycée technique et le collège d’enseignement technique. La CAN terminée, ces trois infrastructures sportives « de belle facture » pourraient servir à la formation de la jeunesse scolaire dans le domaine du sport, notamment, le football.

Les retombées économiques et financières
Les opérateurs économiques de Bouaké sont globalement satisfaits du déroulement de la CAN 2023 au chef-lieu de la région de Gbêkê et du District autonome de la Vallée du Bandama en dépit de quelques récriminations.
Le secteur des transports
Le délégué régional adjoint du Haut conseil du patronat des entreprises de transport routier, Koné Yacouba, s’exprimant au nom des transporteurs de la région de Gbêkê, a remercié les autorités ivoiriennes et les dirigeants de la CAF d’avoir choisi Bouaké pour abriter cette grande compétition de football. Toute chose qui a pu profiter aux acteurs du transport routier de la région.
« Je peux affirmer que la CAN 2023 a été bénéfique aux acteurs des transporteurs que nous sommes étant donné que ce sont nos véhicules qui assuré le déplacement des nombreux spectateurs et supporters des différentes équipes en compétitions venus de tous les quatre coins de la Côte d’Ivoire, mais aussi de l’extérieur.
« Que ce soit les cars, les minicars, les taxis, en tout cas tous nos moyens de transport ont été mis à contribution pour transporter le public sportif au niveau de la ville de Bouaké, mais aussi de Bouaké vers les autres villes où se déroulait la compétition. Je peux donc dire que la CAN a été bénéfique pour nous, même nous avons connu quelques difficultés liées à la circulation le jour de match puis qu’il fallait utiliser les voies de contournement. Ce qui n’était pas du tout simple », a indiqué M. Koné.
Le secteur de l’hôtellerie et de la restauration
La CAN 2023 a également été l’occasion pour les opérateurs du secteur de l’hôtellerie, de la restauration, des bars et autres lieux de distraction de faire de bonnes affaires comme l’en témoigne les propos de l’assistante marketing de l’hôtel du stade de Bouaké, Mme Kouamé Waléri Soro.
« Nous avons reçu l’équipe des Fennecs d’Algérie au sein de notre complexe hôtelier et nous avons passé de très bons moments avec les dirigeants, le staff technique et les joueurs de cette équipe. Après leur départ suite à leur élimination en phase de poule, nous avons accueilli beaucoup de supporters lors des matchs à élimination directe surtout lors du match de quart de finale Mali-Côte d’Ivoire. Globalement, nous sommes satisfaits, car nous avons profité de la CAN en termes d’ambiance, en termes de joie et en termes de recettes », a-t-elle indiqué.
Même son de cloche chez la responsable commerciale de la Résidence hôtel Eléphant, Mme Kouakou Suzanne, qui malgré quelques réserves, reconnait que le déroulement de la 34ème à Bouaké a été profitable à l’établissement hôtelier où elle est en service. « Je ne peux pas dire que nous avons été gâtés pendant la CAN, mais nous avons tout de même connu quelques périodes d’affluence. Notamment, les jours de matchs comme cela a été le cas la veille du match des Eléphants contre les Aigles du Mali ici à Bouaké », a-t-elle confié.
Mme Kouakou aurait tout de même souhaité que les choses se passent davantage mieux en raison des investissements effectués pour relooker l’établissement. « Nos attentes ont été quelque peu déçues parce que nous avons réalisé des travaux de réhabilitation et de rénovation sur fonds propres pour accroître nos capacités d’accueil. Nous nous attendions à un retour sur investissement, mais cela n’a pas été le cas », déplore-t-elle convaincue toutefois que d’autres opportunités s’offriront à eux pour leurs permettre de se rattraper.
Les restaurateurs n’ont pas été en marge de toute cette effervescence qui s’est emparée de la ville de Bouaké et de toute la Côte d’Ivoire au cours de ces quatre semaines de compétition pendant lesquels ils ont eu la charge de nourrir plusieurs milliers de férus du ballon rond.
Le témoignage du gérant du maquis (restaurant) 6ème sens de Nimbo secteur « Poulet show », Désiré Yao, est édifiant sur l’apport économique et financier de la CAN 2023 dans le secteur de la restauration à Bouaké. « La CAN nous a vraiment profité surtout avec l’arrivée massive des étrangers sur le sol de Bouaké. Le taux de fréquentation des maquis s’est accru pendant cette période. Au niveau de notre maquis, il nous est arrivé parfois de vendre 150 à 200 poulets en une seule soirée alors qu’avant la CAN, nous étions très loin de ces chiffres », révèle-t-il.
Au dire de sa gérante, Mlle Saraka Victoire, le maquis « Plein air » d’Ahougnansou-Château affichait complet lors des matchs des Eléphants. Les supporters y venaient entre amis suivre ces matchs qui étaient diffusés sur écran géant. « La CAN nous a permis de faire des recettes surtout quand les Eléphants jouent. Tous les gens qui viennent regarder le match mangent et consomment beaucoup de boisson. Ces moments là étaient vraiment une aubaine pour nous », indique-t-elle.

Le secteur commercial
Les acteurs de commerce, notamment, les vendeurs de maillots font partie des grands bénéficiaires du déroulement de la CAN 2023 à Bouaké. Selon l’un d’eux, Koné Adama, installé au centre commercial au pied de l’ex-hôtel Harmatan de Bouaké, Plusieurs milliers de maillots des Eléphants de Côte d’Ivoire ont été vendus comme des petits pains.

« Je remercie le bon Dieu parce qu’au moment de la CAN notre activité de vente de maillot à bien marché. C’est vrai que nous avons eu la concurrence déloyale des vendeurs de maillot occasionnels, qui a un peu joué sur nos recettes, mais nous pouvons nous réjouir du peu que nous avons eu et rendre gloire à Dieu pour cela », a-t-il dit.
L’activité de flocage de maillot a également connu un boom au cours de cette CAN de l’hospitalité, notamment, à Bouaké. L’entreprise Jackou le Crokan Décor, spécialisé dans ce type d’activité n’a pas chômé du tout.
« Par la grâce de Dieu, tout s’est bien passé pendant la CAN. Nous avons pu vendre beaucoup de maillots surtout ceux des Eléphants de Côte d’Ivoire. Nous avons également fait beaucoup de flocage de maillots. Il y a des gens qui venaient pour qu’on personnalise leurs maillots en y inscrivant leurs noms ou ceux de leurs chéries ainsi de suite. Même après la CAN vu que la Côte d’Ivoire a remporté le trophée beaucoup de personnes viennent pour qu’on fixe la 3ème étoile sur leurs maillots. Pour dire que la CAN a été très bénéfique pour nous financièrement », révèle Ouattara Mahaman, apprentis-floquer de maillot.

(AIP)
rkk