Abidjan, 24 mai 2024 (AIP)- Des spécialistes des questions de santé sexuelle et reproductive (SSR) en Afrique de l’Ouest et du Centre, ont fait ressortir les freins à la mise en œuvre effective de l’application des lois sur la question dans de nombreux pays, lors d’un webinaire organisé mercredi 22 mai 2024 par le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN).
En développant le thème du webinaire « L’adoption et l’application des lois sur la santé sexuelle/la planification familiale en Afrique de l’ouest et du centre, où en sommes-nous ? », le conseiller régional chargé de programme et politique de planification familiale au bureau régional du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), Dr Chilanga Asmani, a soutenu que la santé sexuelle est un état de bien-être physique, mental et social lié à la sexualité et à la reproduction.
Plusieurs composantes comme l’éducation à la santé sexuelle et reproductive, les méthodes contraceptives, les soins prénataux, les services liés à l’avortement sécurisé, contribuent à cet état, a-t-il ajouté.
Il a affirmé que 44 de la totalité des pays africains ont adopté le Protocole de Maputo relatif aux droits de l’homme (de la femme) et des peuples. Cependant, certains n’ont pas encore adopté des lois dans le cadre de la SSR, tandis que d’autres disposent de lois mais n’ont pas encore pris des décrets d’application.
Pour la coordinatrice de l’Unité de coordination du Partenariat de Ouagadougou (UCPO), Dr Djénébou Diallo, des efforts sont faits par sa structure pour augmenter le nombre d’utilisatrices additionnelles de la planification familiale (PF) dans les neuf pays membres (Burkina Faso, Togo, Benin, Mali, Sénégal, Guinée Côte d’Ivoire, Mauritanie et Niger).
“Cependant, l’application et la vulgarisation de ces lois est une grosse épine pour atteindre les objectifs », a-t-elle déploré. Aussi, elle a souligné que le nombre d’utilisatrices est passé de 1,3 millions en 2015, à trois millions à la période 2016-2020 avec une projection d’atteinte de 13 millions en 2030. Mais, elle a relevé que pour une meilleure coordination, les défis restent la remontée des données sanitaires et la PF en contexte de crise, compte tenu de l’instabilité socio-politique de la région.
«Plusieurs points du projet de loi freinent sa finalisation en Côte d’Ivoire. Ces points sont essentiellement, l’avortement sécurisé, les violences basées sur le genre, et l’âge minimum pour bénéficier de la planification familiale. Pourtant, les statistiques militent pour son adoption, car la mortalité maternelle est de 347 décès sur 100 000 naissances”, a fustigé la présidente de l’ONG Women in global health de Côte d’Ivoire, professeure Mélanie Tia.
Elle a indiqué que 21% des femmes ont accès à la planification familiale et 33% des filles sont mariées avant l’âge légal de mariage, déplorant le fait que la Côte d’Ivoire soit le seul pays du Partenariat de Ouagadougou à ne pas avoir encore adopté de lois SSR.
«Le gouvernement ivoirien doit se hâter d’adopter cette loi. Pour cela, l’accent doit être mis sur la sensibilisation des acteurs impliqués dans l’adoption de cette loi. Il faut également renforcer la mutualisation des acquis, car il ressort que cela s’explique par la méconnaissance de cette loi. Nous devons donc impliquer les guides religieux, coutumiers, la population (…) Cela ne peut se faire sans l’implication des médias qui vont nous aider à promouvoir et diffuser cette loi », a-t-elle plaidé.
Plus d’une cinquantaine de journalistes de l’Afrique de l’Ouest et du centre ont participé à ce webinaire.
(AIP)
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