Abidjan, 1er juin 2024 (AIP) – La grève des marchands de bétail à l’abattoir de Port-Bouët a complètement paralysé tous les services annexes de l’abattoir, à savoir l’abattage des animaux, la commercialisation et la transformation.
Sur place, les bouchers exposent librement leur étalage. Des populations rencontrées sur le site ce samedi 1er juin 2024 expriment leur colère. “C’est un véritable cauchemar”, s’exclame Fatoumata Diawara, une résidente locale.
“Nous sommes habitués à avoir de la viande fraîche tous les jours, mais maintenant, les étals sont vides. Comment nourrir nos familles dans ces conditions ?”, ajoute Ehoussou Franck.
Les conséquences de cette grève se font également sentir sur le plan économique. Les restaurateurs et les petits commerçants, qui dépendent fortement de l’approvisionnement en viande, voient sérieusement compromis leurs activités.
“Sans viande, nous ne pouvons pas préparer nos plats habituels. Cela a un impact énorme sur notre chiffre d’affaires”, explique Mme Konan Irène, propriétaire d’un restaurant local.
Le président de la coopérative des bouchers chevillards et auxiliaires d’Abidjan, Zoungrana Rasmane, a confirmé qu’aucune bête n’a été tuée pour la commercialisation ce samedi à l’abattoir de Port Bouët.
Les quelques rares morceaux encore visibles sur des étals sont les invendus des jours antérieurs. Les vendeurs de viandes braisées ou “choucouya” ne sont pas en reste. Les étals qui débordaient autrefois de viande braisée sont désormais clairsemés.
Les consommateurs qui fréquentent massivement cet endroit les samedis et dimanches sont obligés de trouver d’autres alternatives.
À une quinzaine de jours de la fête de la Tabaski, les commerçants de bétail de l’abattoir de Port-Bouët (Abidjan Sud) ont entamé une grève illimitée le jeudi 30 mai 2024 pour exprimer leur désaccord face à la décision des autorités du district autonome d’Abidjan de les reloger sur le site de l’ancienne casse d’Adjamé.
Dans un mémo adressé au ministre-gouverneur du district d’Abidjan, le président du conseil d’administration de l’Union régionale des sociétés coopératives des marchands de bétail d’Abidjan (URSCMABA), Coulibaly Mory, a argumenté que le site d’Adjamé, d’une superficie de 15 hectares, n’est pas adéquat pour accueillir l’ensemble des opérateurs de la filière des 13 communes du district.
Outre l’espace exigu, l’opérateur ajoute que le site de recasement ne dispose pas d’infrastructures nécessaires comparables ou équivalentes à celles du marché terminal. Selon lui, cette difficulté constitue un handicap pour l’exercice efficace des activités des acteurs de la filière bétail-viande, sans compter que leur sécurité et celle de leurs bêtes pourraient être sérieusement mises en danger.
Le district autonome d’Abidjan a confirmé vendredi 31 mai 2024, son engagement à mener à terme les mesures de délocalisation du parc à bétail, malgré les tentatives de sabotage de certains acteurs de l’industrie.
Condamnant les actes de violence perpétrés par les grévistes, le district assure mettre en place des mesures de sécurité renforcées pour protéger les travailleurs du secteur.
(AIP)
bsp/kam