Man, 30 mars 2025 (AIP) – À l’occasion de la Journée internationale de la femme, célébrée à Klangbolably, dans la sous-préfecture de Koua (département de Facobly), l’ONG “Cœur de Mère”, sous l’impulsion de sa présidente, Blesson Patricia, a organisé un événement novateur axé sur l’autonomisation des femmes et jeunes filles rurales. Ce projet a mobilisé près de 300 femmes et jeunes filles de la localité. L’objectif principal de cette rencontre était de sensibiliser les femmes locales à l’importance de la lecture comme vecteur d’autonomisation et d’aborder les problématiques liées aux Violences basées sur le genre (VBG). À cette occasion, les participantes ont été instruites sur la lecture, sensibilisées à leurs droits et aux enjeux sociaux qui les concernent. Nous avons rencontré Blesson Patricia, présidente de l’ONG, pour discuter de cette initiative, de ses objectifs et de l’impact qu’elle pourrait avoir à court et à long terme sur les femmes et jeunes filles de cette localité.
1/ Dans quel cadre s’inscrit la formation que vous avez animée à Koua, et quels sont les objectifs spécifiques que vous cherchez à atteindre à travers cette initiative ?
Nous avons réalisé cette activité, bien entendu avec l’appui technique et financier de la Commission nationale ivoirienne pour l’UNESCO, dans le cadre de l’autonomisation de la femme rurale de Koua. L’initiative vise à renforcer l’image des femmes et des jeunes filles, tant pour elles-mêmes que pour la société. Nous avons informé et formé les femmes et jeunes filles sur leurs droits, en réduisant leur ignorance grâce à l’accès à l’information et au savoir. Une des composantes de notre programme est de former ces femmes et jeunes filles à la gestion d’une bibliothèque et d’un centre de lecture. Nous espérons aussi, à terme, contribuer à la construction d’une bibliothèque dans la sous-préfecture.
2/ Pourquoi est-il essentiel d’aborder l’autonomisation des femmes rurales à travers la lecture, et comment cela peut-il changer la vie des participantes ?
Dans la région de l’Ouest, des pesanteurs sociales persistent, et les femmes rurales en sont souvent les principales victimes, notamment à cause de l’illettrisme. Ce dernier, couplé aux pratiques traditionnelles, les rend particulièrement vulnérables. Là où l’accès à internet est souvent limité et où les femmes jouent un rôle central, le livre devient l’outil clé pour leur autonomisation. L’accès à l’information par la lecture permet aux femmes et aux filles de prendre conscience des enjeux culturels et sociaux qui les entourent, comme les mutilations génitales féminines, le mariage forcé, la place de la femme dans la société et bien d’autres problématiques. Cette prise de conscience est essentielle pour leur émancipation.
3/ Comment l’ONG « Cœur de Mère » entend-elle accompagner ces femmes et jeunes filles afin qu’elles intègrent durablement la lecture dans leur quotidien ?
L’ONG prévoit la création d’une bibliothèque et d’un centre de lecture dans la sous-préfecture de Koua, géré par des femmes. Cette initiative leur donnera l’opportunité d’acquérir des compétences qui amélioreront non seulement leurs conditions de vie mais aussi favoriseront leur émancipation. Cela contribuera à leur autonomie, en renforçant leur rôle dans l’éducation des enfants, un domaine où elles sont souvent actrices principales malgré un manque de ressources.
4/ Quels sont les principaux défis rencontrés par les femmes et filles rurales de cette sous-préfecture en matière de Violences basées sur le genre, et comment votre ONG compte-t-elle les aider à mieux se protéger et à s’affirmer ?
Les femmes de la sous-préfecture de Koua font face à plusieurs défis, tels que le manque d’information, l’analphabétisme et l’illettrisme, particulièrement chez les filles et les femmes. Ce projet vise à éradiquer les Violences basées sur le genre à travers la lecture. L’idée est de permettre aux filles et aux femmes rurales de s’approprier leurs droits et d’acquérir une autonomie basée sur des connaissances acquises dans les livres. Pour les femmes illettrées, cela leur donnera les outils nécessaires pour mieux comprendre et prévenir les violences liées à leur genre.
5/ En termes d’impact immédiat, comment évaluez-vous l’engagement des femmes de la sous-préfecture de Koua après ces jours de sensibilisation et d’éducation ?
Les femmes de Koua ont montré une grande réceptivité à ce programme, répondant positivement à ses objectifs. Elles ont exprimé leur désir de sortir de l’ignorance et ont même suggéré la mise en place d’un programme d’alphabétisation dans les mois à venir. Leur engagement est très encourageant pour la continuité de cette initiative.
6/ Quels sont les prochains projets de l’ONG « Cœur de Mère » pour soutenir l’autonomisation des femmes rurales et garantir la pérennité des actions entreprises dans la lutte contre les Violences basées sur le genre ?
Parmi nos prochains projets, nous prévoyons la construction d’une bibliothèque à Koua, la mise en place de clubs de lecture dans les établissements scolaires, ainsi que le lancement d’un programme d’alphabétisation. Ces projets visent à garantir la pérennité de nos actions et à soutenir l’autonomisation des femmes rurales, tout en renforçant la lutte contre les Violences basées sur le genre.
(AIP)
Réalisée par Delphin EHUI Boa, CBR Man