Tiébissou, 22 avr 2025 (AIP) – Les tambours et danses du festival annuel de la musique baoulé (FAMUBA) 2025 ont vibré avec éclat à Anouanzè-Okabo, dans le département de Didiévi, mais un autre son, bien plus discret et profondément poignant, a marqué cette édition, celui du désespoir des femmes du village, confrontées à une pénurie d’eau sans précédent pendant les festivités.
La 2e édition du FAMUBA, couplée aux célébrations traditionnelles de Paquinou, a attiré une affluence exceptionnelle dans ce village du centre de la Côte d’Ivoire, dont la population a été multipliée par cinq le temps d’un week-end. Avec seulement deux points d’eau pour quelque 15 000 personnes, la tension autour des pompes est vite devenue insupportable.
« Nous sommes une dizaine de femmes dans notre concession qui devons balayer, cuisiner, laver, chercher de l’eau… Nous ne pouvons même pas participer à la fête pour laquelle nous sommes arrivées. Vous voyez, il y a des femmes qui sont avec des bébés en pleur et d’autres dorment autour du point d’eau. Nous nous battons mais c’est très difficile d’avoir l’eau », a lancé dame Amani Akissi visiblement à bout, qui a été croisée samedi 19 avril autour d’un point d’eau saturé.
Dans l’ombre des spectacles et réjouissances, des scènes de fatigue, d’abandon et de résignation ont marqué les esprits. Des femmes dorment à même le sol près des pompes, certaines renoncent à se laver ou à manger à l’heure, faute d’eau pour cuire les repas. « C’est la première fois que je viens à Paquinou ici. Mais avec ce que j’ai vécu, je ne pense pas revenir », a ajouté Mme Amani Akissi.
Le secrétaire général du chef du village, Konan Thomas, tire la sonnette d’alarme. « Les deux points d’eau sont insuffisants pour absorber une telle affluence. Le besoin est criant et il est urgent que les autorités interviennent », a-t-il affirmé.
Face à ce calvaire, les femmes demandent expressément la construction d’un château d’eau. « Notre village est grand, il est formé de trois entités. Nous ne pouvons plus continuer ainsi, surtout si nous devons accueillir des événements d’envergure comme FAMUBA chaque année », a plaidé une autre villageoise, éreintée.
Pour que le Festival annuel de la musique baoulé continue de grandir, il semble aujourd’hui indispensable d’investir aussi dans des infrastructures de base, à commencer par l’eau.
(AIP)
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