Abidjan, 25 mai 2025 (AIP) – L’inefficacité des systèmes de transport en Afrique subsaharienne contribue lourdement à l’insécurité alimentaire, révèle un nouveau rapport de la Banque mondiale publié le 20 mai 2025.
Intitulé « Les transports au service de la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne : renforcer les chaînes d’approvisionnement », ce document souligne que près de 37 % des denrées alimentaires produites localement sont perdues avant d’atteindre les consommateurs, en raison de la médiocrité des infrastructures, des lenteurs logistiques et des barrières non tarifaires.
Le rapport identifie 50 points névralgiques, incluant les ports, les postes-frontières et les tronçons routiers, où des investissements ciblés pourraient drastiquement améliorer l’efficacité des chaînes d’approvisionnement. Ces réformes permettraient de mieux répondre aux besoins alimentaires des 58 % d’Africains vivant actuellement dans l’insécurité alimentaire, fait noter le rapport.
Selon le directeur général senior de la Banque mondiale, Axel van Trotsenburg, « Remédier à l’insécurité alimentaire en Afrique ne se résume pas à produire plus, mais il s’agit de réparer les systèmes défaillants qui empêchent les denrées alimentaires d’arriver là où elles sont le plus nécessaires », a-t-il déclaré.
Les investissements dans les transports, a-t-il ajouté, pourraient supprimer les goulets d’étranglement, réduire les coûts et garantir un accès fiable à la nourriture.
Bien que les conflits politico-militaires, le climat extrême et l’instabilité économique restent des facteurs clés, le rapport met en lumière le rôle souvent négligé du transport dans la crise alimentaire.
Les chaînes d’approvisionnement africaines, en comparaison avec l’Europe, sont quatre fois plus longues, causant des retards, des hausses de prix et une perte significative de ressources, relève le rapport.
Selon le spécialiste principal des transports et auteur principal du rapport, Charles Kunaka, « on ne peut pas résoudre la crise alimentaire sans s’attaquer aux problèmes structurels de transport. Des investissements coordonnés dans les infrastructures essentielles peuvent bâtir un système plus résilient. »
Le rapport recommande également la modernisation des ports, l’extension des réseaux routiers et l’amélioration des installations de stockage et de distribution. Ces projets, en plus de sécuriser l’approvisionnement alimentaire, stimuleraient l’emploi dans le secteur logistique.
La Banque mondiale affirme avoir déjà mobilisé 45 milliards de dollars en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans 90 pays. En Afrique, plusieurs initiatives concrètes sont en cours, dont un programme de développement routier de 300 millions de dollars en Éthiopie, qui relie les zones rurales aux marchés. En Tanzanie, un don de 345 millions de dollars vise à moderniser le port de Dar es-Salaam, tandis qu’à Djibouti, un projet de corridor économique soutient le développement du pays comme plateforme logistique régionale.
(AIP)
kp