Abidjan, 23 août 2024 (AIP) – Le rôle stratégique des médias dans la géopolitique des grandes puissances est de plus en plus apparent, avec France Médias Monde (FMM) en tête pour la France en Afrique de l’Ouest, a déclaré, Drovi Abgessi, lors de la soutenance de son mémoire pour l’obtention d’un Master en Diplomatie, Protocole et Relations internationales, au Centre africain de management et de perfectionnement des cadres (CAMPC), jeudi 22 août 2024, à Abidjan.
A travers son étude portant sur « Les médias dans la géopolitique des grandes puissances : cas de France médias monde en Afrique de l’Ouest », M. Drovi a démontré que le groupe FMM, composé de Radio France international (RFI), France 24 et TV5 Monde, n’est pas seulement un diffuseur d’informations, mais un acteur central de la politique étrangère française dans la région.
Sous la base de plusieurs théories scientifiques, l’impétrant a révélé que le groupe promeut les intérêts français en diffusant des contenus qui façonnent les opinions locales, renforcent l’image de la France et facilitent la collecte d’informations stratégiques. Ces médias offrent une couverture des affaires africaines, souvent sous un prisme français, renforçant ainsi la présence culturelle et politique de la France dans ses anciennes colonies.
Toutefois, cette présence suscite des critiques pour son rôle présumé de vecteur de propagande. Certains observateurs évoquent un « néo-impérialisme médiatique » qui affecte la souveraineté culturelle et politique des pays ouest-africains, a-t-il souligné.
Face à la montée en puissance médiatique de la Chine et de la Russie en Afrique, les États ouest-africains envisagent d’accroître leurs investissements dans les médias locaux et la régulation des médias internationaux. Cette dynamique, associée à l’essor du numérique, pourrait contribuer à rééquilibrer l’influence géopolitique sur le continent, a-t-il fait savoir.
Sous la direction du Dr Tafotie Deffo Jerry Rowllings, M. Drovi propose, entre autres, « l’introduction de taxes sur les médias étrangers, dont les fonds pourraient être utilisés pour rehausser le niveau des médias locaux, les mettre aux normes internationales, et ainsi valoriser davantage les cultures locales ».
Le ministre Gnamien Yao, membre du jury a encouragé le renforcement des médias locaux afin de contrecarrer cette influence étrangère.
« En prenant la Côte d’Ivoire comme exemple, on constate que chaque média étranger tente de convertir les Ivoiriens à la vision du monde de son pays d’origine. Cela fait de la Côte d’Ivoire un lieu de rivalité géopolitique entretenue par les médias internationaux. Il est donc important de promouvoir nos propres médias, afin qu’ils puissent exercer une influence similaire. C’est là, tout l’intérêt du travail de l’impétrant », a-t-il déclaré.
La soutenance de M. Drovi s’est conclue avec une note de 15/20, soit la mention “bien”, à la satisfaction générale de l’auditoire, notamment du président du Haut conseil des togolais de l’extérieur, Kodjovi Atisso.
(AIP)
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