Gagnoa, 13 déc 2024 (AIP)- Signe de pauvreté ou simple débrouillardise ? Des jeunes filles : la plupart des élèves, des adolescentes de moins de 15 ans offrent leurs services aux ménagères au grand marché de Gagnoa pour transporter leurs paniers.
Une vie de précarité
Djénéba, 15 ans, est élève en classe de quatrième au collège El Nasir de Gagnoa, un établissement confessionnel islamique. Habillée d’une jupe bleue et d’un tee-shirt à l’effigie de son collège, elle croule visiblement sous le poids d’un sachet de provisions posé sur sa tête. Lentement, Djénéba marche devant une dame dans le marché principal et plus grand marché de Gagnoa, au quartier Commerce. Un autre élève, Corine, 14 ans, inscrite en classe de cinquième au collège moderne de Gagnoa se tient, devant un étal de tomates, deux sachets pleins de denrées alimentaires à ses pieds. Il est 10 h 45, un jour de classe. Et dire qu’il s’agit de deux élèves, qui à cette heure de la journée, devraient se trouver en classe, mais qui ont choisi de pratiquer, pour gagner quelques pièces d’argent, l’activité communément dénommée dans leur jargon : « Tantie c’est pour bagages ? » Mais comment des élèves régulièrement inscrites à l’école font-elles délibérément le choix d’aller se « débrouiller » au marché, pour y mener une activité pourtant interdite pour cette tranche d’âge ? Et cela, malgré les campagnes de sensibilisation lancées par le gouvernement et les organisations de droits des enfants, qui rappellent que la place de l’enfant est à l’école.
Aux dires du coordonnateur adjoint de la lutte contre le travail des enfants dans la région du Goh, Koné Yssouf, « il s’agit d’un vrai signe de pauvreté et même de précarité ». Selon lui, ces enfants sont souvent issus de familles polygames. Les filles sont parfois contraintes de chercher des revenus pour leur quotidien, mais aussi, pour acheter leurs fournitures scolaires. « Je précise que cela ne concerne pas que les filles. Les garçons s’orientent vers d’autres activités », a indiqué M. Koné. « Nos mamans ne sont pas encore suffisamment sensibilisées. Aujourd’hui, l’on peut assimiler ce travail d’enfants à un signe de pauvreté parce qu’aucune maman ne peut être heureuse de voir sa fille de 12 ou 13 ans transporter des bagages dans un marché, alors qu’elle devrait être en permanence en classe », affirme le coordonnateur adjoint. Il relève que ces cas d’enfants se retrouvent très majoritairement dans les familles musulmanes. « La Côte d’Ivoire ayant adopté plusieurs types d’éducation, l’école madrasa (école confessionnelle islamique) est un type d’éducation qui tient compte de l’option religieuse des parents », a-t-il dit.
Comme preuve de cette précarité, la jeune Doumbia, en classe de CM1, indique que si rien ne peut justifier qu’une fille de son âge (11 ans) se retrouve en train de travailler au marché, la réalité est tout autre : « Ai-je vraiment le choix, quand nous ne mangeons qu’une fois par jour à 17 h, quand l’une de nos trois mamans (le père est polygame) a préparé le repas ? » s’interroge la jeune écolière. Elle rappelle que toute la journée, il n’y a personne à la maison. « Toutes les trois mamans sont occupées à vendre soit de la salade, des oignons et des tomates au marché, tandis que la troisième parcourt la ville avec un panier d’arachides préparées ou grillées sur la tête, » précise-t-elle, le désespoir dans le regard. « En plus, si tu n’aides pas maman à faire la cuisine, tu ne manges pas », insiste la jeune Doumbia. Ses économies de « Tantie y a bagage » lui permettent, dit-elle, de se nourrir lorsqu’elle est à l’école, d’acheter des cahiers. Avec cet argent, ajoute-t-elle, elle s’est fait coudre une robe, pour remplacer celle que sa mère avait achetée lorsqu’elle était encore en classe de CE1.
« Nous sommes au moins 23 filles, dont 20 sont des élèves qui évoluent dans cette partie du marché du vivrier, du poisson et de la viande », souligne une autre fille, Astou, 14 ans, élève en classe de cinquième au collège Cissé Kamourou. Elle explique que si Gagnoa compte une dizaine de marchés, celui du quartier Commerce, le plus grand, est celui où elles exercent de préférence leurs activités, parce que fréquenté par les « femmes nanties de la ville ». Puis de préciser qu’elle vient dans le marché les mercredis et les jours non ouvrables.
Des sachets à bout de bras, Astou explique que les clientes sont en général les femmes salariées ou celles qui viennent acheter des provisions pour plusieurs jours. « Elles font des achats en grande quantité, en divers endroits du marché et ont besoin de quelqu’un pour les aider à transporter d’étal en étal, les colis », révèle la jeune élève. Elle assure que pour chaque cliente, elle gagne entre 200 et 500 F CFA. « En 2023, j’ai pu épargner avant la rentrée scolaire pour m’acheter quelques fournitures. Quelquefois aussi, je vends des friperies en plus », révèle-t-elle.
Mais elle confesse que ce travail n’est pas sans risques. « Une fois, je me suis rretrouvée vec mes parents au commissariat, parce que j’avais trébuché et les poissons ‘sosso’ de grande qualité ainsi que la totalité du marché d’une maman tenancière de maquis s’est retrouvée dans le caniveau », dit-elle d’une voix encore tremblante, comme si les faits s’étaient déroulé la veille. Puis d’ajouter : « notre travail, ce n’est pas facile. Parfois, les mamans nous menacent, tapent sur nos têtes, ou nous giflent, comme si nous étions leurs petites servantes. Il y en a même qui refusent de payer notre argent », a-t-elle déploré.
« Tonton, c’est vrai qu’on dit que nous ne devons pas travailler, mais la réalité est que la vie est difficile à la maison », lâche-t-elle. Mais quel regard portent les concernées, à savoir, les femmes qui bénéficient des services de ces enfants sur cette activité ?
Un mal que déplorent les femmes utilisatrices de ces enfants et cela, bien qu’elles le jugent nécessaire
Selon une femme d’affaires résidente à Gagnoa, Kouablan Nadine, « le recours à ces filles, sans être un impératif, devient une nécessité lorsqu’il s’agit de faire un marché de plusieurs jours comme c’est souvent le cas, » dit-elle. Elle ajoute qu’elle ne vient pas au marché avec sa servante. « Ces jeunes porteuses de bagages sont vraiment utiles. Je souffre d’une arthrose, et trimbaler un colis qui s’alourdit au fur et à mesure que j’achète des vivres est difficile pour moi, » fait observer dame Kouablan.
Seulement, avertit-elle, il faut toujours prendre soin de mettre ces filles devant soi lorsqu’on marche, sinon elles peuvent disparaître avec le colis, insiste-t-elle. « En décembre, c’est encore plus vrai », insiste la femme d’affaires, parlant des nombreux cas de perte de marchandises, avec le « brouhaha » qui se crée dans un marché « rempli de clients, commerçants, mais aussi pickpockets et voleuses ». Si elle précise qu’au marché de Gagnoa, ce genre de vols est un peu rare parce que le marché n’est pas très étendu, à Abidjan et notamment au marché d’Adjamé, « c’est monnaie courante ».
Quant à Toh Albertine, tenancière d’un maquis à la place ‘Laurent Gbagbo’ de Gagnoa, non seulement, elle dit déplorer que ces enfants soient souvent très jeunes et frêles pour transporter le marché mis dans des sachets qui s’alourdissent au fil des courses, mais en plus, elle regrette que ce soient les mères, elles-mêmes, qui encouragent leurs filles à exercer de tels boulots. « Tous les marchés de Gagnoa, grands comme petits sont concernés, par l’effervescence des sachets comme emballages, même si on ne retrouve pas le même nombre de filles partout. De toutes les façons, nous en sommes tous responsables, puisque c’est nous qui les utilisons, même si pour nous dédouaner, nous dirons que ce sont ces enfants qui sont disponibles sur le marché », soutient Mme Toh.
Réduction des charges familiales
Corinne, 14 ans, qui fréquente un établissement dit formel, mène aussi cette activité dans le marché central. Orpheline de père, elle explique que sa mère, devenue une femme « vulnérable » depuis le décès de son mari, achète et revend de la tomate dans le grand marché. « Outre les jours non ouvrables, chaque fois que je n⁰’ai pas cours, je suis au marché avec elle et j’en profite pour porter les bagages », dit-elle. Le soutien à sa mère est pour elle une obsession, et ce malgré son âge. Elle dit habiter un studio avec sa mère et ses deux frères. L’un a 18 ans et l’autre en a 11. Tous les deux sont des élèves comme elle. « On dit que nous les enfants, ne pouvons pas et ne devons pas travailler. Mais ne devons-nous pas aller nous débrouiller au vu de la situation des parents. Je ne peux pas laisser maman toute seule », insiste Corinne, dont l’enfance contraste avec les propos de sagesse d’une jeune adulte. Elle révèle avoir un projet de vente de tomate en gros, lorsqu’elle aura pu épargner assez d’argent.
C’est aussi le cas de Yoro, 14 ans, élève en classe de cinquième au lycée moderne de Gagnoa. « C’est Aïcha, ma voisine de classe en sixième, qui m’a initiée à cette activité », dit-elle, avant d’indiquer que l’activité s’impose à elle. « Certes je vis avec mes deux parents, mais mon père est à la retraite », dit-elle, justifiant que ce sont bien des raisons économiques qui l’ont conduite au marché. Si, de prime abord, mener une telle action paraît comme une simple activité lucrative, il n’en demeure pas moins qu’au regard de la législation ivoirienne en vigueur, qu’il s’agit d’un cas de travail des enfants, qui sont parfois conditionnés par l’enseignement religieux, note-t-on.
Le regard d’un imam
« Nous ne condamnons pas ce phénomène », avoue le deuxième adjoint de l’imam de la Mosquée en bois du quartier Baoulébougou de Gagnoa, Traoré Karamoko. Pour le prédicateur, « c’est une bonne chose et cela, contrairement aux autorités qui le réprouvent, car de toutes les façons, ces enfants ne font pas ce travail en permanence et l’islam ne le condamne pas formellement ». Bien au contraire, dit-il, « de par l’enseignement, nous exhortons les filles au travail ». S’il reconnaît la précarité dans certaines familles, il estime qu’il s’agit d’un « devoir » pour lui en tant que guide religieux, d’assumer son rôle qui est aussi, et surtout, d’exhorter les filles à apprendre à se prendre en charge très jeunes. L’imam soutient qu’il s’agit également d’un devoir pour les filles, de réduire les charges des parents en rapportant de l’argent à la maison. « Avec cet argent gagné durant les congés et jours non ouvrables, ces jeunes filles peuvent aider leurs mamans, ainsi que leurs sœurs », se défend-il, avant de conclure « qu’en fait, on n’appelle pas cela du travail, mais plutôt un coup de main aux parents ».
Éduquée dans la religion musulmane, Djénéba, 15 ans, élève en classe de quatrième au collège El Nasir, confirme que c’est bien la religion qui l’a beaucoup conditionnée, au point qu’elle ne peut plus s’en défaire. « Au début, c’était un peu compliqué, mais l’imam m’a encouragé avec l’aide de sourates, dont j’ai oublié les références. Maintenant, si je ne travaille pas un jour, je me sens lourde », lâche Djénéba. « C’est un enseignement que nous recevons lorsque nous allons à la mosquée », ajoute Djénéba, qui ne voit pas d’inconvénients à être encouragée par des guides religieux, notamment musulmans, à travailler. « Ça fait bientôt quatre ans que je suis dans cette activité », précise la collégienne. Tous à Gagnoa n’ont pas le même regard sur ce fait de société qui se déroule au quotidien, au vu et au su des parents, mais aussi des leaders sociaux et des leaders communautaires.
Réaction des parents et leaders communautaires
Namory Diabaté, charpentier à Gagnoa et père d’une fille de 15 ans, exerçant le métier de ‘tantie y a bagage’ dans le grand marché, demeure un moment dubitatif face à la question de la place de sa fille dans le marché, avant de lâcher, un « je vous ai compris ». Puis, sans même que la question de fond ne soit abordée, concernant l’éducation scolaire de l’enfant, le père relève le risque de la voir abandonner très tôt les études pour la quête de l’argent. « C’est une réalité », dit-il, allusion faite à l’une des ses filles, qui menait la même activité, et qui a fini par abandonner l’école. « Le comble, c’est que je ne sais pas si c’est l’argent ou la tentation des hommes qui l’a fait dévier. Mais toujours est-il, qu’elle s’est faite engrosser par un jeune vendeur de friperie, dans le même marché, alors qu’elle n’avait que 14 ans », dit-il avec beaucoup de remords semble-t-il. « Aujourd’hui, ils ont deux enfants et elle vit avec lui. Peut-être que c’est son destin », ajoute le père. « Donc, monsieur, je ne peux pas vous répondre de manière catégorique même si je condamne ce travail, vu qu’il puisqu’il permet à sa jeune sœur qui a 15 ans aujourd’hui, de participer à ses propres dépenses. Mais je comprends le danger », dit-il.
« Ce n’est pas une bonne éducation. Au contraire, on apprend ainsi aux enfants à être des mendiants », dénonce Badié Victor, chef de la communauté Dan et chef du quartier Washington à Gagnoa, même si paradoxalement, il affirme ne pas condamner ces filles. M. Badié explique que si l’on refuse qu’elles fassent ce travail pour celles issues de familles vulnérables, certaines, une fois adolescentes, pourraient devenir des filles de la rue, en cas d’échec scolaire.
« Cela fait un peu pitié, mais c’est aussi la vie moderne d’aujourd’hui qui exige qu’il faille travailler », soutient le chef Dan. Interpellé sur son refus de condamner le choix d’un tel travail chez l’enfant, quand bien même il n’écarte pas un risque de dépravation dans son éducation, le chef du quartier Washington relativise ce cas : « si l’école ne marche pas et qu’elle ne travaille pas pendant les jours non ouvrables et les congés scolaires, la jeune fille court le risque de ne pas être opérationnelle dans la vie. »
« Normalement, ce n’est pas une bonne chose et je déplore cela, parce que la place d’une fille, c’est à l’école et pas vraiment dans le marché même si c’est à temps partiel » s’insurge pour sa part, la vice-présidente communale des femmes de Gagnoa, Gbaléga Rachelle. Elle rejette le travail des écolières et des collégiennes dans les marchés pour transporter les bagages. Nuançant ses propos, dame Gbaléga, soutient néanmoins que si un enfant doit travailler, cela ne doit pas être pour passer des heures à soulever de lourdes charges au marché, mais plutôt, aider les mamans à la maison. « Normalement, les jours de repos, c’est pour soutenir ses parents, mais pas pour aller faire « Tantie il y a bagage. » « En tous cas, je dénonce cela », a insisté la vice-présidente, rejointe en cela par les autorités responsables de l’éducation nationale.
Le désaveu de l’éducation nationale
« Non, non et non, nous désapprouvons le travail de ces élèves dans les marchés » fait savoir avec force, le directeur régional de l’éducation nationale et de l’alphabétisation du Goh, Yoboué Konan. Selon lui, tout d’abord, « l’activité lucrative chez l’enfant est prohibée. » En plus, dit-il, « une élève même si elle est en congé scolaire et/ou pendant les jours non ouvrables, devait être en train de réviser ses cours au lieu de transporter des bagages. » Il explique que le ministère de l’éducation nationale et de l’Alphabétisation s’inscrit dans l’action gouvernementale de la lutte contre le travail des enfants et est engagé dans la sensibilisation pour la scolarisation de la jeune fille. Ses services, dit-il, ne peuvent pas œuvrer à l’amélioration du taux de scolarisation de la jeune fille et, dans le même temps, favoriser les risques de mauvais résultats scolaires par la présence constante des élèves dans le marché.
Yoboué Emmanuel assure, par ailleurs, que ses collaborateurs continuent d’exhorter les établissements confessionnels islamiques à lutter contre le travail de la jeune fille et, par ailleurs, les sensibilise à intégrer le système dit formel.
Pour une de ces collaboratrices, l’inspectrice d’éducation au Lycée Moderne 3 de Gagnoa, Djédjé Tia Colette, ce phénomène de « Tantie y a bagage » est réel dans le milieu scolaire. « Je rencontre des filles de mon établissement dans le marché », indique Mme Djédjé, qui précise que le constat montre que les filles de confession islamique sont les plus nombreuses. « D’ailleurs, elles sont plus à l’aise que les filles des autres communautés qui semblent plus timides, et se cachent, lorsqu’elles me voient au marché », dit-elle.
Parlant de l’impact sur le rendement scolaire, elle explique que les filles arrivent souvent épuisées aux cours, puisqu’elles doivent s’occuper d’abord des corvées à la maison, avant de « travailler » au marché. « Le vrai problème que nous rencontrons avec ces filles, c’est malheureusement le langage du marché que nous observons en classe, au niveau de l’expression orale », regrette Alain Doua, professeur de français, au sein du même établissement. Il rappelle qu’il a eu une fille en 2023 dans l’une des classes de troisième qu’il tenait. Ces retards et absences étaient si fréquents, « qu’évidemment, en fin d’année scolaire, elle avait été exclue », a-t-il déploré.
L’impuissance du ministère de l’enfant face à la loi de l’omerta
« C’est une réalité implacable. Nous avons eu une discussion avec la mairie, pour savoir comment les sortir du marché. Ce n’est pas le ait, des illes, mais c’est surtout le poids de la amille et de la communauté qui encourage ces activités extracommunautaires », ait observer la directrice régionale de la famillle, de la femme et de l’enfant du Goh, dame Kouakou Ndri Lydie. Sous pression des parents, ces filles « cachent » la vérité aux autorités, lorsque ces derniers cherchent à comprendre l’environnement qui conduit ces enfants dans le marché. « Elles te répondent par exemple que les parents sont au village et qu’elles doivent se débrouiller chez un oncle, pour assurer leur quotidien », déplore-elle.
La réalité est qu’elles ont peur de dénoncer leurs parents, qui exercent pourtant sur place dans le marché, soutient fermement Mme Kouakou. « C’est triste de constater la loi de l’omerta et du silence chez les enfants », dit-elle, avant d’indiquer que ses services envisagent une identification de ces enfants, afin de les prémunir de toutes formes de violences et ices de toutes sortes. « Nous voulons travailler avec les enfants, gagner leur confiance, de sorte qu’elles collaborent et cela, même si la famille n’a pas encore compris et continue d’exposer ses enfants ». Elle rapporte que parfois, l’on contraint les filles à travailler, sous prétexte qu’elles doivent s’acheter par elles-mêmes, des tenues. « Mais, nous allons arrêter une stratégie, et en accord avec la mairie, allons commencer son application », a assuré madame la directrice régionale.
Relever le défi des travaux socialisants
Face au travail constaté des enfants à Gagnoa, dont celui des élèves filles dans le plus grand marché de la ville, des voix s’élèvent pour faire des propositions de solutions. Si pour dame Toh Albertine, cette tâche qui s’avère nécessaire pour les femmes qui vont au marché, il est bon cependant que cela soit exécuté par des filles plus âgées.
Mais pour le coordonnateur adjoint de la lutte contre le travail des enfants dans la région du Goh, Koné Yssouf, le vrai problème, « c’est comment réussir à retirer les enfants du milieu du travail ». A cet effet, il rappelle que le travail c’est pour les majeurs et notamment les personnes de plus de 18 ans. « Malheureusement », l’on trouve aujourd’hui des filles de moins de 16 ans, de surcroît scolarisées, dans les marchés en train d’exercer des activités lucratives. « Engageons-nous tout de suite dans la sensibilisation », a-t-il recommandé.
Pour l’heure, a-t-il dit, « il faut trouver des travaux socialisants pour les enfants et non les amener dans les marchés. » Mais également, défend M. Koné, encourager les imams, prêtres et pasteurs (premiers responsables de ces confessions religieuses), à sensibiliser enfants et parents, de sorte que les filles puissent être à l’école ou dans les lieux d’éducation et de formation. A défaut, qu’elles soient encadrées à la limite, dans l’exercice de travaux socialisant (les travaux qui ne sont pas dangereux, mais qui permettent aux enfants d’apprendre les rudiments de la société, comme la vaisselle, la lessive, être en cuisine sans manipuler le couteau, etc.).
(AIP)
Une enquête de Dogad dogoui
dd/tm