San Pedro, 21 déc 2024 (AIP) – La filière de l’hévéa a enregistré des acquis au cours de cette dernière décennie qu’il faut consolider pour maintenir la position de troisième producteur mondial de caoutchouc naturel de la Côte d’Ivoire et aller au-delà, ont annoncé les principaux acteurs, jeudi 19 décembre 2024 à San Pedro, lors de la deuxième édition des Journées de l’hévéa (JDH 2024).
Lors de la cérémonie d’ouverture officielle de la JDH 2024, organisée par l’Association des professionnels du caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (APROMAC) et le Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles (FIRCA), les acteurs et les invités ont suivi le bilan des activités annuelles des structures et organisations de la filière, mettant en exergue les acquis et les perspectives.
L’administrateur de l’Association des usiniers producteurs de caoutchouc naturel (AUPCN), Moïse Kouakou, a indiqué que la capacité de transformation nationale s’est accrue et atteint plus de deux millions de tonnes en 2024, pour une production estimée à environ 1,8 million de tonnes. Cette évolution est favorisée par l’accompagnement de l’État par des mesures incitatives à l’investissement, encourageant de nouveaux investissements dans la transformation avec l’arrivée de nouveaux acteurs.
Les acteurs sont unanimes qu’il faut assurer l’équilibre entre la production et la transformation, afin que le producteur ne connaisse pas les problèmes du passé, lesquels avaient favorisé l’autorisation de l’exportation des fonds de tasse. Ils appellent à une intensification de la lutte contre l’exportation frauduleuse du caoutchouc naturel au niveau des frontières terrestres et maritimes, conformément à la mesure d’interdiction de l’exportation prise en novembre 2023 par le Conseil hévéa – palmier à huile, l’organe de régulation de la filière, en vue de pérenniser les activités des transformateurs.
Le directeur des cultures d’exportation et de production forestière au FIRCA, Anderson Ehouman, a indiqué que ce phénomène enrichit d’autres pays qui produisent moins de caoutchouc mais en transformeront plus et offriront plus sur le marché international. Il a appelé tous les acteurs, en particulier les producteurs, à prendre conscience afin que chacun, à son niveau, trouve des solutions idoines pour l’arrêter.
Le président du collège des planteurs de Côte d’Ivoire et vice-président de l’APROMAC, Michel Koblavi-Dibi, a appelé à une consolidation de la position du pays par un accroissement des plantations et la régénération des anciens vergers pour porter la production annuelle au-delà de deux millions de tonnes.
Il a annoncé que la Côte d’Ivoire, troisième productrice mondiale du caoutchouc naturel après la Thaïlande et l’Indonésie, a pour ambition de passer au deuxième rang mondial dans les deux prochaines années.
Le directeur exécutif de la Fédération des Organisations Professionnelles Agricoles de la filière Hévéa de Côte d’Ivoire (FPACI), Gbahi Doua Luc, a rrassuré qu’aujourd’hui, il n’y aura plus de revirement de situation. “Les producteurs ne vont pas délaisser leurs plantations au profit d’autres cultures parce qu’on est à plus de 400F/kg aujourd’hui. Ils auraient souhaité revivre la même époque où ils ont perçu 1.000 F, mais à plus de 400F, c’est déjà très bon”, a-t-il ajouté, demandant aux producteurs de travailler à la maîtrise des charges courantes afin de pouvoir réaliser des économies.
Il a également annoncé que les fonds COVID-19 ont été sécurisés par la fédération FPACI, représentant le collège des producteurs au sein de l’APROMAC. Ils sont en phase de distribution.
Plusieurs projets sont en cours dans la filière. Ce sont le projet de culture de l’hévéa dans les zones Nord du pays, la construction d’une académie des métiers de l’hévéa, et la construction du siège de l’APROMAC. Il y a également le projet de géo-localisation des plantations pour assurer la traçabilité du caoutchouc naturel, depuis la production jusqu’à la commercialisation et l’entrée à l’usine de transformation. Ce projet s’inscrit dans la politique de caoutchouc sans déforestation et sans travail des enfants, c’est-à-dire du caoutchouc produit en dehors des forêts classées et des réserves.
Les Journées de l’Hévéa visent à célébrer, une fois par an, les acteurs de la filière. Cette deuxième édition, qui se déroule de mercredi à vendredi à San Pedro, est marquée par un atelier bilan sur l’assistance technique, le bilan des activités annuelles des structures et organisations de la filière, un concours national du meilleur saigneur et du meilleur moniteur, ainsi que la récompense des meilleurs acteurs de la filière. La première édition s’est tenue à Gagnoa en 2023.
(AIP)
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