Man, 15 avr 2025 (AIP) – À l’occasion de la Semaine sainte, temps fort du calendrier liturgique catholique, l’AIP a rencontré, lundi 14 avril 2025, le curé de la paroisse cathédrale Saint-Michel Archange de Man, le père Co Biaka Thomas d’Aquin. Il revient sur la portée spirituelle de cette période, qu’il qualifie de « sommet de notre foi », et insiste sur l’attitude intérieure à adopter pour en vivre pleinement le mystère.
Que représente la Semaine sainte pour les catholiques et pourquoi est-elle considérée comme le temps fort de l’année liturgique ?
— La Semaine sainte est le cœur de notre foi chrétienne. Elle nous plonge dans les derniers jours de la vie de Jésus sur terre, jusqu’à sa mort sur la croix et sa résurrection. C’est la semaine où l’amour de Dieu se donne jusqu’au bout, pour nous sauver. Elle est le sommet de l’année liturgique, car elle nous fait revivre le mystère pascal — la passion, la mort et la résurrection du Christ —, qui sont le fondement même du salut. Sans cette semaine, il n’y aurait pas de christianisme.
Quels sont les moments clés de cette semaine, du lundi saint au dimanche de Pâques, et que symbolisent-ils?
— Les lundi, mardi et mercredi saints nous font accompagner Jésus dans ses derniers enseignements. C’est une montée vers la croix. Le jeudi saint, l’Église célèbre la cène, le dernier repas du Christ au cours duquel il institue l’eucharistie et le sacerdoce. C’est aussi le jour du lavement des pieds, geste d’humilité et de service. Le vendredi saint est consacré à la passion et à la mort de Jésus. Il n’y a pas de messe, mais une célébration de la croix. Toute la communauté est invitée à méditer sur le sacrifice du Christ. Le samedi saint est un jour de silence et d’attente, dans le recueillement, en espérant la lumière de la résurrection. Le dimanche de Pâques, l’Église célèbre la victoire de la vie sur la mort. Le Christ est ressuscité. C’est la fête des fêtes, la source de notre espérance.
Comment les fidèles peuvent-ils vivre pleinement et spirituellement cette semaine?
— Il faut se disposer intérieurement et prendre du temps pour Dieu. Ce n’est pas une semaine comme les autres. Il faut ralentir, prier intensément, participer aux offices, lire les évangiles des jours saints et méditer la passion. C’est aussi une semaine pour demander pardon et se réconcilier avec Dieu et les autres. Pour les fidèles du diocèse de Man, et particulièrement ceux de la paroisse cathédrale Saint-Michel Archange, c’est une occasion de se mettre en marche vers l’espérance, par le pardon et la réconciliation, pour bâtir une Église plus fraternelle. En cette année jubilaire, il faut saisir l’opportunité de panser les plaies de la division et retrouver la joie de vivre ensemble.
Y a-t-il des dispositions particulières que chaque chrétien devrait prendre pour entrer dans le mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ?
— Il faut une disposition du cœur. Cela passe par l’humilité, le silence et la prière. Il ne s’agit pas seulement d’assister aux cérémonies, mais de se laisser toucher par ce que l’on vit. Je recommande aussi de poser un geste concret d’amour ou de service : visiter un malade, aider une personne dans le besoin, pardonner à quelqu’un. Il s’agit tout simplement de vivre l’évangile.
La tradition du jeudi saint et du vendredi saint revêt une importance particulière. Pouvez-vous en expliquer la signification?
— Le jeudi saint est le jour où Jésus se donne en nourriture. Il institue l’eucharistie : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ». Il lave aussi les pieds de ses disciples, pour montrer que le service est au cœur de la vie chrétienne. Le vendredi saint est celui du grand silence et de la croix. Jésus donne sa vie par amour pour l’humanité. Il pardonne, il souffre, il meurt sans haine. C’est un jour de contemplation. On y découvre l’amour jusqu’au bout.
Quels conseils donnez-vous aux fidèles pour ne pas vivre la semaine sainte comme une simple succession de rites, mais comme un véritable cheminement intérieur?
— Il faut éviter d’être des spectateurs. Chaque geste, chaque parole de la liturgie est pour vous. Il faut prier avec le cœur, que ce soit à l’église ou chez soi. Et surtout, il faut ouvrir les yeux sur ceux qui souffrent. Vivre la passion du Christ, c’est reconnaître ses plaies dans celles des autres : les pauvres, les malades, les isolés. La Semaine sainte est un chemin. Ne le faites pas seul. Faites-le avec Jésus. Laissez-le transformer votre vie.
(AIP)
Interview réalisée par Delphin Ehui Boa
Coll: Hubert-Armand Assin