Niakara, 26 avr 2025 (AIP) – La radiation du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Tidjane Cheick Thiam, de la liste électorale continue d’alimenter le débat au sein de la classe politique et de l’opinion publique. Si certains y voient une manœuvre politique, d’autres, à l’instar du juriste Dr Séverin Guibessongui N’Datien, y reconnaissent l’application stricte de la loi.
Dans un entretien accordé à l’AIP le jeudi 24 avril 2025, Dr Guibessongui, avocat, docteur en droit public et enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, a défendu la légalité de cette décision. Ex-député de Niakara-Tortiya-Arikokaha et actuel vice-président du District autonome de la Vallée du Bandama, il affirme que la radiation de M. Thiam repose sur des fondements juridiques solides.
« Il ne s’agit nullement d’une décision politique mais bien de l’application du droit », précise-t-il. Selon lui, M. Thiam a perdu automatiquement sa nationalité ivoirienne en vertu de l’article 48 du Code de la nationalité, ayant acquis volontairement la nationalité française à sa majorité, le 24 février 1987. Dès lors, son inscription sur la liste électorale s’apparente à une fraude, puisqu’il ne possédait plus la nationalité ivoirienne au moment de son enrôlement.
Appuyant son analyse sur l’article 3 du Code électoral, Dr Guibessongui rappelle que seuls les citoyens ivoiriens, n’ayant pas perdu leur nationalité, sont éligibles au vote. « L’inscription sur la liste électorale sans avoir la qualité de citoyen ivoirien constitue une fraude à la loi. Le juge n’avait d’autre choix que d’ordonner la radiation », a-t-il insisté.
« Monsieur Thiam Cheick Tidjane qui, par négligence, n’a pas pris les mesures nécessaires pour renoncer à la nationalité française et se faire réintégrer dans la nationalité ivoirienne avant son enrôlement sur la liste électorale, ne peut se prévaloir de sa propre turpitude », a estimé le juriste.
Appelant à une approche rigoureuse et impartiale des décisions judiciaires, Dr Guibessongui met en garde contre l’instrumentalisation politique de la justice. « Le politique a tendance à louer l’indépendance de la justice lorsqu’elle lui est favorable, mais la dénonce lorsqu’elle lui est défavorable. C’est une relation ambivalente qui fragilise l’État de droit », a-t-il déploré.
Pour conclure, le juriste rappelle que malgré ses lourdes implications politiques, cette décision judiciaire doit être perçue comme l’affirmation de l’autorité du droit. « La construction d’un véritable État de droit exige que la règle de droit prévale sur les considérations politiques et partisanes », a-t-il affirmé.
(AIP)
jbm/cmas