Bingerville, 17 juin 2025 (AIP) – La crise de succession traditionnelle qui secoue le village d’Abatta s’intensifie avec le rejet catégorique par une partie de la communauté de la date du 28 juin 2025, fixée pour l’investiture de Abito Joseph comme nouveau chef du village.
Lors d’une conférence de presse organisée sur la place publique du village, le président du comité de gestion provisoire d’Abatta, Ahouo Alexis, a exprimé avec fermeté l’opposition d’une partie significative de la communauté villageoise à cette cérémonie jugée prématurée.
« À la date du 28 juin 2025, dans deux semaines, il n’y aura pas de cérémonie d’intronisation dans ce village. Et cela tant qu’il n’y aura pas de consensus entre les fils et filles d’Abatta », a-t-il déclaré en lisant un communiqué officiel. Selon lui, le processus de réconciliation étant en cours, d’où vient cette volonté précipitée d’introniser Abito Joseph, s’est-il interrogé, en pointant du doigt les responsables locaux.
La prise de position publique vise à alerter la communauté nationale et internationale sur les risques de dérives que pourrait engendrer une cérémonie organisée sans consensus communautaire.
Face aux tensions opposant les partisans de Djomoh Hyacinthe et ceux d’Abito Joseph, le préfet d’Abidjan, Adjou Koua, avait proposé une solution de compromis en créant un comité paritaire de gestion provisoire, composé de six représentants de chaque camp. Cette structure transitoire devait gérer les affaires courantes du village en attendant qu’une solution définitive soit trouvée à la crise successorale.
Si cette proposition avait initialement été acceptée par les deux parties en conflit, elle semble aujourd’hui remise en question. Selon les révélations d’Ahouo Alexis, lors d’une rencontre organisée le 10 juin 2025 dans les locaux de la sous-préfecture de Bingerville, le maire Issouf Doumbia aurait catégoriquement rejeté la proposition préfectorale de partage du pouvoir entre les deux camps.
La situation à Abatta illustre les défis contemporains de la chefferie traditionnelle en Côte d’Ivoire, où les enjeux locaux s’entremêlent parfois avec des considérations politiques plus larges, compliquant la résolution des conflits successoraux.
L’évolution de cette crise est scrutée de près, tant par les autorités administratives que par les observateurs de la cohésion sociale, dans un contexte où la paix communautaire demeure une priorité nationale.
(AIP)
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