Abengourou, 09 jan 2024 (AIP)- Le responsable des opérations pour la Banque mondiale (BM) pour la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Togo et le Benin, Tony Verheijen, a déclaré lundi 08 janvier 2024, l’agroforesterie telle que pratiquée dans la forêt classée (FC) de Béki est un bon exemple de ce que pourraient devenir certaines forêts classées en Côte d’Ivoire, si elles sont bien reboisées et réaménagées.
« Nous avons voulu vraiment visiter cette forêt pour voir un peu comment les futures forêts pourraient se présenter pour les ivoiriennes », a confié M. Tony, le chef de la délégation de la mission de supervision des projets financés par l’Institution bancaire dans la forêt dans le Sud-Est de la Côte d’Ivoire, dans le cadre du projet d’investissement forestier (PIF2).
La visite a conduit la délégation de la BM sur deux parcelles établies, l’une en 1996 et l’autre en 2022 avec des essences forestières associées au cacao, puis sur une parcelle semencière de framiré et fraké en agroforesterie établie en 1996.
Un échange avec les planteurs « illégaux » qui occupent plus de 34 ha, de cette forêt classée de 16 215 ha, a permis aux émissaires de la BM de comprendre le plan d’aménagement de la forêt classée de Béki adopté en 2015.
« La stratégie est soutenue par l’agroforesterie qui veut que les paysans, qui ont infiltré la forêt, ne soient pas déplacés, mais qu’ils participent à la réhabilitation des forêts, au reboisement des zones dégradées, à la protection des espaces forestiers et de procéder à l’extension de la forêt en intronisant des essences forestières dans les plantations qui existent dans la forêt classée », a expliqué le directeur du centre de gestion de la SODEFOR, Dosso Amara.
L’agroforesterie est pratiquée à l’Est, dans la forêt de Béki, depuis le milieu des années 1990. L’activité a permis de lever 4000 ha de parcelles agricoles et de reboiser plus de 22 % de cette superficie dans la forêt de Béki, classée depuis 1935. Elle a donné des « résultats probants qui inspirent ».
Le chef de la mission de la BM a toutefois évoqué la question de la gestion forestière, notamment la solution à la situation des populations qui sont installées illégalement depuis les années 1980 dans la forêt classée de Béki en respectant les droits des planteurs.
La déforestation en Côte d’Ivoire s’est produite à un rythme rapide depuis les années 60. Le pays a perdu environ 13 millions d’hectares (ha) de couverture forestière, réduisant sa surface d’environ 46% en 2000 à environ 11% aujourd’hui. De 1990 à 2015, la Côte d’Ivoire a enregistré le taux de déforestation le plus élevé au monde, perdant en moyenne 4,3% de sa superficie totale par an, indiquent les chiffres du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) en 2016.
Selon la SODEFOR, l’empiètement sur les forêts classées de l’État est passé de 18% (1996) à environ 50% (2014). De 2017 à 2018, le pourcentage d’augmentation des forêts perdues en Côte d’Ivoire était le deuxième plus élevé au monde.
En réaction, le gouvernement ivoirien a mis en place la Stratégie de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts (SPREF,2018) pour inverser les tendances de la déforestation et de la dégradation des forêts. L’ambition de la Côte d’Ivoire est de générer un changement transformationnel dans la gestion des forêts, par l’adoption d’une approche intégrée alliant développement économique, bien-être social et conservation des ressources naturelles et d’augmenter le couvert forestier de 11 % à 20 % d’ici à 2020.
Le PIF2 de la Banque mondiale, d’un montant de 148 millions de dollars, soit 94 milliards de francs CFA, s’inscrit dans la dynamique générale de la Côte d’Ivoire et de son action pour lutter contre les facteurs de déforestation et de dégradation des forêts, ainsi que de promotion de la conservation et de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone forestier.
Le projet est exécuté par la SODEFOR et l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR). Le volet Activités génératrices de revenus est géré par CARE international Côte d’Ivoire. Démarré en novembre 2022 à Abidjan, le PIF 2 s’appuie sur la première phase du PIF1 lancé depuis 2018 et dont la clôture est prévue pour fin mai 2024.
(AIP)
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