Abidjan, 19 juin 2025 (AIP) – Des variétés à haut rendement ont été identifiées pour transformer la filière gingembre en Côte d’Ivoire, selon les résultats d’une étude menée par des chercheurs de l’Université Nangui Abrogoua (UNA) et divulgués le jeudi 19 juin 2025 à l’occasion d’un atelier bilan.
Consacrée à la troisième phase du projet d’identification de variétés à haut rendement et de techniques améliorées de production de gingembre, mis en œuvre par le Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles (FIRCA), cette rencontre marque une avancée dans le processus de modernisation d’une filière jusque-là pauvre en données scientifiques mais à fort potentiel économique.
Dresser l’état des lieux d’une filière d’avenir
Le projet, entamé en 2019, vise à fournir aux producteurs des variétés performantes et des itinéraires techniques adaptés pour améliorer durablement les rendements. En Côte d’Ivoire, le gingembre est cultivé au Sud, au Sud-Est, au au Nord, au Nord-Est et au Sud-Ouest. « La production nationale tourne autour de 9 600 tonnes (2023), avec des rendements estimés à 9 tonnes/hectare, loin des standards internationaux (30 à 40 tonnes/ha) observés en Chine ou aux États-Unis », a rappelé Issiaka Yaméogo, chargé du programme café-cacao au FIRCA.
Des résultats scientifiques prometteurs

Sous la coordination du professeur Koné Mongomaké, l’équipe de recherche de l’UNA a mené un travail rigoureux de collecte de 200 accessions de gingembre dans plusieurs régions du pays. Après des évaluations agromorphologiques et des analyses moléculaires, vingt accessions présentant des rendements supérieurs à 20 tonnes/hectare ont été identifiées. Parmi elles, trois ont été testées en milieu paysan dans le but de sélectionner les plus prometteuses pour une future phase de vulgarisation.
« Ces travaux ont permis de regrouper les variétés en trois grands groupes génétiques, facilitant leur sélection et leur amélioration », a expliqué Dr Kouadio Bessely Armel Stéphane, agro-physiologiste à l’UNA, qui a présenté les résultats de la 3e phase des recherches. Il a laissé entendre qu’avec ces travaux de recherche, l’on dispose désormais d’une base génétique claire du gingembre cultivé en Côte d’Ivoire.
Un enjeu économique et social majeur
L’enjeu est de taille: structurer une filière émergente, porteuse d’emplois et de revenus pour les producteurs. Pour Coulibaly Ali, le directeur des cultures pérennes et d’exploitation au ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières, le gingembre peut générer des revenus significatifs pour les familles rurales, à condition de leur offrir des outils modernes de production. En effet, il se vend jusqu’à 1 500 FCFA le kilogramme, selon les saisons.
Coulibaly Ali a salué la qualité des résultats présentés, qui ouvrent la voie à une quatrième phase plus orientée vers le transfert technologique et l’accompagnement des producteurs.
Vers une vulgarisation à grande échelle
L’atelier a permis aux parties prenantes d’identifier les acquis transférables, d’actualiser le plan opérationnel, et de poser les jalons pour la vulgarisation des meilleures variétés. Selon le professeur Adama Bakayoko, directeur de l’UFR Sciences de la Nature, représentant la présidente de l’UNA, ce projet est un bon exemple de synergie entre recherche appliquée et besoins du terrain.
Le FIRCA, de son côté, réaffirme son ambition de transformer le gingembre en culture stratégique, comme le cacao ou l’anacarde, à travers une chaîne de valeur structurée et compétitive.
(AIP)
cmas