Abidjan, 9 sept 2024 (AIP)- Les commerçants opérant sur l’espace du marché Saint Joseph de Bingerville, redoutant une expropriation sans dédommagement, ont organisé, par l’intermédiaire de Me Allegra Kouassi Mathias, avocat à la Cour et conseil de Mme Ouédraogo Georgette (propriétaire terrien), ainsi que de la Société des marchés Saint Joseph, une conférence de presse jeudi 5 septembre 2024, dans le but de « prévenir plutôt que guérir ».
Selon Me Allegra entouré de la propriétaire de l’espace, Ouédraogo Georgette et de la gérante et promotrice de la société des marchés Saint Joseph, Blanche Lichtenstein Koffi, la conférence de presse organisée se justifie «par l’urgence de la situation actuelle sur l’espace où les commerçants risquent de voir leurs investissements détruits sans indemnisation préalable vu les destructions de biens sur le territoire de Côte d’Ivoire et les expropriations forcées au mépris des droits des propriétaires et des exploitants qui occupent légitimement et légalement ces lieux ».
L’avocat a expliqué que le Projet de mobilité urbaine d’Abidjan (PMUA) a jeté son dévolu sur les parcelles appartenant aux époux Ouédraogo, lesquelles ont fait l’objet d’un bail à usage professionnel en faveur de la Société des marchés Saint Joseph. Ces derniers redoutent légitimement que leur entreprise subisse le même sort que celles ayant été détruites, sans que leurs propriétaires aient eu l’occasion de faire entendre leur voix.
« Notre réaction est que l’Etat n’est peut-être pas informé de ce qui est en train de se passer, et c’est notre conviction. Les autorités aussi bien administratives, gouvernementales qu’internationales qui soutiennent ce projet ne sont pas informées, c’est la raison pour laquelle nous sommes venus aujourd’hui pour faire entendre la voix des propriétaires terriens qui sont en train d’être expropriés de façon illégale, illégitime et anormale », a déclaré Me Allegra.
Selon lui, la Société des marchés est perturbée par l’intervention de certains agents du PMUA, qui se présentent comme détenteurs des droits d’exploitation des parcelles. Ces agents propagent des rumeurs parmi les commerçants, les incitant à réclamer les sommes investies auprès de la Société des marchés Saint Joseph. Ils poussent également ceux déjà installés à se désister ou à cesser de s’acquitter de leurs loyers.
Un décret signé le 1er août 2023, portant approbation d’utilité publique des parcelles de la famille Ouédraogo et présenté sur injonction du tribunal par le PUMA, a amené les concernés à faire une lettre de protestation de la procédure d’expropriation qui les frappait, explique Me Allegra.
« Nous avons rencontré le maire de Bingerville et les représentants du PMUA, à la demande du maire lui-même (…). Malgré l’assurance des agents du PMUA, de ce qu’ils souhaitaient suivre la procédure qui s’impose en matière d’expropriation pour cause d’utilité publique, nous avons malheureusement constaté que ceux-ci ne disaient pas vrai », a relevé l’avocat.
Il a rappelé que le Code de l’urbanisme prévoit que, « L’expropriation pour cause d’utilité publique est la procédure par laquelle la puissance publique contraint toute personne physique ou morale à la cession forcée de ses droits de propriété sur un bien immobilier, moyennant une indemnisation juste et préalable, (…) ».
Pour la promotrice des marchés, Blanche Koffi, il importe que l’on ne vienne pas les expulser, mais plutôt que l’on cherche à les approcher et à voir comment grandir et aider la Côte d’Ivoire à aller de l’avant.
« Ce que nous demandons aujourd’hui à l’Etat, s’ils ne sont pas au courant de ce qui est en train de se passer, alors nous les informons pour dire que de façon irrégulière et de façon illégale, des gens sont en train de chercher à nous exproprier. Mais ils mettent à mal l’activité que nous sommes en train de faire, parce que depuis plusieurs mois on nous empêche de vendre ici par leurs incursions régulières et mauvaises », a-t-elle dénoncé.
(AIP)
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