Abidjan, 09 sept 2024 (AIP) – Alors que la guerre s’est intensifiée au Myanmar, notamment dans l’État de Rakhine où les combats entre l’armée et les rebelles d’Arakan ont touché des milliers de civils, des enquêteurs indépendants de l’ONU se sont alarmés, lundi 9 septembre 2024, de la situation délicate des Rohingyas.
Selon le Mécanisme d’enquête indépendant de l’ONU pour le Myanmar, si toutes les ethnies de l’État de Rakhine ont souffert, la population rohingya qui y est restée se trouve dans une situation particulièrement précaire.
Les populations Rohingyas sont ainsi prises en étau entre l’armée du Myanmar et les rebelles de l’Arakan. « Elles ont été directement pris pour cible et des milliers d’entre eux ont été déplacés de force », a fustigé le Chef du Mécanisme, Nicholas Koumjian, relevant que les enquêteurs onusiens examinent activement « les horribles rapports faisant état de meurtres, de tortures, de viols et d’incendies de villages ».
A l’occasion d’un dialogue interactif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur la situation au Myanmar, il s’est dit particulièrement « choqué » par une vidéo qui a circulé le mois dernier et qui montrait les conséquences d’une attaque de drones contre des Rohingyas qui tentaient de fuir le Myanmar. « Des dizaines de corps, principalement des femmes et des enfants, étaient éparpillés à côté de bagages au bord d’une rivière ».
« Je ne peux imaginer que l’on puisse croire que cette attaque avait un but militaire. Nous suivrons les preuves partout où elles nous mèneront et nous ferons tout notre possible pour que les responsables de cette attaque, quelle que soit leur appartenance ethnique ou politique, soient amenés à rendre des comptes », a-t-il affirmé.
Au cours de l’année écoulée, le mécanisme a recueilli des preuves de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité de plus en plus fréquents et brutaux, commis par de nombreuses parties aux conflits en cours. Dans de nombreux cas, les civils ne sont pas seulement des « dommages collatéraux », mais plutôt la cible d’attaques qui semblent destinées à créer la terreur.
Pour lutter contre cette impunité, le Mécanisme a ainsi accéléré le partage de ses preuves et de ses analyses avec les autorités qui mènent des procédures concernant les crimes contre les Rohingyas à la Cour pénale internationale (CPI), à la Cour internationale de justice (CIJ) et en Argentine.
« À ce jour, nous avons partagé plus de 80 paquets contenant plus d’un million d’éléments de preuve », a détaillé le Chef du Mécanisme d’enquête indépendant de l’ONU pour le Myanmar.
(AIP)
cmas