San Pedro, 08 avr 2025 (AIP) – Des acteurs de la filière cacao ont plaidé pour une augmentation de la marge différentielle des coopératives à plus de 100 F CFA, afin de faciliter leur mission d’achat, de transport et de vente des fèves de cacao séchées aux entreprises transformatrices ou exportatrices.
Lors d’entretiens avec l’AIP, le directeur de la plateforme nationale des coopératives (PNC) de San Pedro, N’Guessan Kouakou Noël, et la responsable de la Société coopérative agricole Benkadi de Bida (SCA2B), basée à Gabiaddji, Mme Kessé Rosalie, ont formulé cette doléance à l’intention des décideurs, après l’annonce du prix bord champ de 2.200 F CFA par kilogramme de fèves de cacao séchées pour la campagne intermédiaire allant de mars à fin septembre.
Ils ont exprimé leur satisfaction par rapport à ce nouveau prix bord champ, qu’ils jugent favorable pour les producteurs de cacao. Cependant, ils ont souligné qu’il serait moins avantageux pour les Organisations professionnelles agricoles (OPA) si leur marge différentielle entre l’achat bord champ et la vente à l’usine restait inchangée.

M. N’Guessan a expliqué que leur marge bénéficiaire sera réduite par l’augmentation des charges liées à la mobilisation de fonds plus importants pour acheter la même quantité de produit qu’ils obtenaient à un prix bord champ plus bas. Cela entraînera une hausse des charges, notamment en termes de taux d’intérêt prélevés par les banques sur les prêts octroyés pour la campagne. Il a pris l’exemple suivant : avec un milliard FCFA, il est possible d’acheter 1.000 tonnes de cacao à 1.000 F le kilogramme. Pour la même quantité, il faudra deux milliards deux cents millions FCFA pour 2.200 F le kilogramme.
Il a également évoqué les pertes dues aux écarts sur les quantités, qui seront financièrement plus importantes qu’auparavant.
De son côté, Mme Kessé a insisté sur la nécessité d’augmenter la marge différentielle afin de permettre aux coopératives de fonctionner plus facilement. Elle a déploré le fait que cette marge soit restée à 80 F CFA pendant près de 10 ans avant de passer à 100 F CFA, juste après la fixation du prix bord champ à 1 800 F CFA pour la campagne 2024-2025.
Elle a également recommandé que les producteurs ouvrent des comptes bancaires et acceptent les dépôts de ventes ou les virements des recettes de leurs ventes par les coopératives sur ces comptes, afin de limiter les risques liés au transfert physique des fonds auxquels sont exposés les acheteurs sur le terrain.

Selon ces acteurs, la campagne s’est bien déroulée sur le plan sécuritaire dans la région de San Pedro. Toutefois, ils ont déploré les malentendus survenus sur le terrain en raison de la concurrence entre les acheteurs, liée à la baisse de la production de cacao, ce qui a pénalisé les petites coopératives agricoles. Les coopératives économiquement plus fortes faisaient monter les enchères en fixant un prix bord champ supérieur aux 1.800 F officiels pour attirer un maximum de clients et acheter de plus grandes quantités de produit.
Ils ont exprimé le souhait que les prix bord champ soient fixés à au moins 2.500 F pour la prochaine campagne de cacao, qui débutera en octobre.
(AIP)
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