Abidjan, 28 juil 2024 (AIP) – L’Université d’été 2024, coorganisée par le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM), la Marche mondiale des femmes (MMF) et le Forum national sur les stratégies économiques et sociales (FNSES), a formulé plusieurs recommandations aux États africains à l’issue de ses travaux, samedi 27 juillet 2024, après trois jours de débats à Abidjan.
Cet événement a constitué un espace d’échanges d’expériences, d’analyses, de mobilisations populaires et de propositions alternatives réunissant des mouvements sociaux de divers pays, dont la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, le Maroc, la Tunisie, le Burkina Faso, le Togo, le Bénin, la République Démocratique du Congo, le Burundi, le Cameroun, le Gabon et la Belgique.
Dans la déclaration finale, les participants ont exprimé leur exigence pour l’annulation de la suppression des subventions destinées aux produits alimentaires, aux carburants et au secteur de l’électricité, imposée par le Fonds monétaire international (FMI) au gouvernement ivoirien.
Ils ont également demandé à la Banque Africaine de Développement (BAD) de verser des réparations aux communautés affectées par ses projets de barrages hydroélectriques, de centrales thermiques ou au charbon, ainsi que par ses mines et plantations de monoculture dans diverses régions, notamment à Tabot et Jacqueville en Côte d’Ivoire, Sanamadougou et Sahou au Mali, Bomboré au Burkina Faso, Malika au Sénégal, Batchenga au Cameroun, et Souapili en Guinée Conakry.
Les membres de la société civile ont appelé à la réalisation d’un audit citoyen de la dette extérieure publique et privée, ainsi que de la dette intérieure de la Côte d’Ivoire, afin d’identifier les parts illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables, et de procéder à leur abolition pure et simple.
Ils ont souhaité la résiliation de tous les accords de libre-échange, de partenariat et d’investissements, ainsi que la rupture avec les dispositions de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ils ont préconisé la transformation des tontines traditionnelles en coopératives d’épargne et de crédit autogérées à taux zéro et non clientélistes, et ont exigé des réparations pour toutes les personnes victimes du microcrédit.

L’Université a recommandé l’arrêt et l’annulation des contrats de prêts chinois et des concessions accordées à d’autres multinationales, l’abolition de toutes les formes d’oppression (sociale, patriarcale, néocoloniale, politique, etc.) pour promouvoir un développement conforme aux priorités et spécificités des peuples africains. Elle a également suggéré une implication accrue de la société civile et des mouvements sociaux dans toutes les réformes politiques et institutionnelles.
Le CADTM, la MMF et le FNSES ont organisé la quatrième édition de l’Université d’été du CADTM-Afrique du 25 au 29 juillet 2024 à Abidjan, sous le thème : « Prévenir le scénario des décennies économiques « perdues » : Regard féministe sur la crise de la dette en Afrique, la nécessaire réforme de l’architecture financière internationale et le régime fiscal mondial ».
(AIP)
bsp/kam