Abidjan, 17 jan 2025 (AIP) – La filière anacarde, un secteur stratégique pour l’économie ivoirienne, est confrontée à d’importants défis mais l’espoir est permis de les surmonter, au regard des acquis de la recherche et du conseil agricoles, estime l’ingénieur agronome, Nonkpin Eman, chargé du programme Anacarde et Canne à sucre au Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles (FIRCA).
A l’occasion d’une interview accordée à l’AIP, vendredi 17 janvier 2025 dans le cadre de la première édition des Journées nationales du producteur du coton et de l’anacarde (JNPCA), le spécialiste a mis en exergue les efforts déployés pour le développement de cette filière en Côte d’Ivoire.
Le FIRCA, en partenariat avec le Conseil du coton et de l’anacarde et divers institutions de recherche, met en œuvre depuis 2017, un Programme national de recherche sur l’anacarde (PNRA). Ce programme fédère des institutions comme le Centre national de recherche agronomique (CNRA), l’Université Félix Houphouët-Boigny, l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro, l’Université Nangui Abrogoua. Il vise notamment à développer des variétés améliorées, à résoudre les problèmes phytosanitaires et à valoriser les produits issus de l’anacarde, tels que la pomme et la noix.
Parmi les principaux défis, l’amélioration de la qualité des noix de cajou reste prioritaire pour accroître la compétitivité sur le marché international. “Nous produisons beaucoup, mais les rendements sont encore faibles et la qualité des noix doit être améliorée pour garantir de meilleurs prix aux producteurs”, a indiqué M. Nonkpin.
La productivité des exploitations constitue également un enjeu majeur. En Côte d’Ivoire, les plantations d’anacardiers sont souvent issues de forêts naturelles, ce qui limite leur rendement. Pour inverser cette tendance, le FIRCA appuie la recherche pour développer des variétés plus performantes et promouvoir de nouvelles techniques culturales.

Un autre défi de taille concerne la transformation locale des noix de cajou. Actuellement, moins de 10% de la production nationale est transformée sur place, tandis que la majorité est exportée à l’état brut vers des pays comme le Vietnam et l’Inde, où la valeur ajoutée est créée. “Pour garantir un développement durable de la filière, il est impératif de transformer au moins 50 % de la production localement”, a insisté l’ingénieur agronome.
En outre, la valorisation de la pomme de cajou, qui représente 90 % de la production de l’arbre, reste largement sous-exploitée. Des produits tels que le vinaigre, la confiture, le jus ou encore la liqueur à base de pomme de cajou présentent un potentiel économique important, mais nécessitent des investissements dans la transformation.
Le FIRCA, avec des partenaires comme l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER), poursuit également l’encadrement des producteurs à travers un dispositif dédié de conseillers agricoles et techniciens. “Notre objectif est de réduire la pénibilité du travail des producteurs tout en augmentant leurs rendements”, a expliqué M. Nonkpin.
Malgré les nombreux défis, les perspectives restent prometteuses. “Nous avons déjà identifié les principales maladies et insectes nuisibles, ce qui permet de mieux accompagner les producteurs. De plus, les recherches en cours sur la création variétale et la valorisation des produits ouvrent la voie à un avenir meilleur pour la filière”, a-t-il conclu.
En Côte d’Ivoire, l’anacarde est cultivée dans 19 régions. La production a atteint 1 225 935 tonnes en 2023, hissant le pays à la première place des producteurs et premier exportateur de noix brutes de cajou, depuis 2015.
La première édition des JNPCA se déroule les vendredi 17 et samedi 18 janvier 2025 au Parc des expositions d’Abidjan autour du thème “Valoriser durablement le potentiel des filières coton et anacarde pour des producteurs prospères”.
(AIP)
cmas