Abidjan, 19 avr 2025 (AIP) – La célébration de la fête de Pâques, marquée par des retrouvailles familiales et des sorties festives, génère un regain d’activité économique dans plusieurs marchés et pour les vendeurs ambulants à Abidjan. Comme dans de nombreuses communes de la capitale économique ivoirienne, commerçants et vendeurs informels se préparent à ce qu’ils espèrent être l’un des moments les plus rentables de l’année. Mais entre hausse des prix, baisse du pouvoir d’achat et concurrence accrue, tous ne vivent pas la même réalité.
Dans les allées du marché de Yopougon SIPOREX, Bakayoko Mariam, vendeuse de vêtements pour enfants, affiche un large sourire. « Chaque année à cette période, je fais de bonnes affaires. Les parents veulent que leurs enfants soient bien habillés pour l’église ou les sorties. Les vêtements blancs partent très vite », confie-t-elle.
Même engouement du côté des vendeurs de jouets et de gadgets lumineux, particulièrement sollicités dans les zones animées. « Franchement, la Pâques, ce n’est pas comme Noël, mais ça donne un coup de pouce. Les jouets, surtout les petits lapins et gadgets lumineux, se vendent bien, surtout dans les gares routières où les voyageurs achètent pour les enfants restés au village », se réjouit Kader, un vendeur ambulant à Yopougon.
Dans les marchés alimentaires, la tendance est plus nuancée. « Moi, c’est pendant le carême que je vends le plus. Les gens évitent la viande et mangent du poisson. Mais le week-end de Pâques, c’est plus calme de mon côté, sauf pour ceux qui préparent les grandes sauces du lundi de Pâques », explique Yao Geneviève, commerçante de poisson fumé.

Quant aux vendeurs de boissons et de volailles, ils enregistrent un pic de ventes durant le week-end pascal. « Avec la chaleur et les sorties, mes jus et sodas partent très vite », indique Rodrigue, un jeune vendeur ambulant à Adjamé Renault.
Aïcha, vendeuse de poulets rôtis au même endroit, affirme avoir doublé sa production pour répondre à la demande des voyageurs. « Pendant la semaine de Pâques, mes ventes doublent. Les gens viennent commander pour la fête. J’ai même dû recruter deux jeunes pour m’aider à tourner les poulets », raconte-t-elle.
Si Pâques reste une période favorable à certaines activités commerciales, tous les commerçants n’en ressentent pas les bénéfices de la même manière. L’engouement est généralement plus visible dans les zones urbaines et dépend fortement du pouvoir d’achat des ménages.
Un peu plus loin, au marché Gouro, les vendeurs de vivres s’activent. « Les clients achètent le riz, l’huile, les condiments… Même si c’est un peu plus cher cette année, ils préparent quand même pour leurs familles », affirme Daouda Koné, vendeur de sacs de riz.
Malgré l’ambiance festive et les flux importants dans les rues d’Abidjan, les retombées économiques restent inégales. Si les vendeurs de produits prisés pendant les fêtes (vêtements d’enfants, volailles, boissons, gadgets) enregistrent une hausse d’activité, d’autres secteurs sont à la peine. C’est le cas de Kouamé Yvette, couturière à Yopougon qui constate une baisse de la clientèle.
« Vraiment, à Abidjan ici, on n’a pas trop de clients. Tout le monde quitte la ville pour aller au village fêter. Ce sont surtout les pagnes baoulé qu’ils préfèrent acheter là-bas », souligne-t-elle.

À Abidjan, la fête de Pâques agit comme un coup d’accélérateur commercial… mais à géométrie variable. Si elle reste une période stratégique pour certains vendeurs, d’autres peinent à profiter pleinement de la fièvre pascale. Dans tous les cas, la créativité et l’endurance demeurent les meilleurs alliés des petits commerçants de la capitale.
(AIP)
acc/zaar
Reportage réalisé par Carine Allangba