Abidjan, 18 jan 2025 (AIP)- Pour une estimation de 3.000 patients atteints d’hémophilie en Côte d’Ivoire, seulement 250 sont identifiés dans les registres officiels de santé, a annoncé, vendredi 17 janvier 2025, le président de l’ONG Internationale Hémophilie et autres Maladies de la coagulation du Sang (IHMS), Moïse Koffi N’Dri, lors d’une conférence de presse tenue à Abidjan-Cocody.
L’hémophilie est une maladie hémorragique, héréditaire rare, très mortelle et invalidante qui se caractérise par des saignements prolongés voire sans arrêts, dus à l’absence de facteur coagulation VIII ou facteur de coagulation IX. Touchant en particulier le sexe masculin, cette maladie se distingue par deux types, à savoir, l’hémophilie A (le plus fréquent) et l’hémophilie B. Généralement, le petit garçon est identifié lors de la circoncision, pendant laquelle le saignement est abondant, prolongé, et parfois entraine la mort.
La conférence, qui avait pour thème « Hémophilie : états des lieux en Côte d’Ivoire », a été coorganisée par le Réseau des professionnels des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) dans le cadre de ses « Rendez-vous du REMAPSEN ».
Selon l’état des lieux fait par M Koffi, la Côte d’Ivoire a fait d’énormes avancées ces dernières années avec une nette amélioration de la prise en charge, car près d’un tiers des patients est sous traitement prophylactique gratuit, tandis que le traitement sous cutané (injection), qui est un traitement innovant, y est disponible. Cela a pu se faire avec la mise en œuvre depuis le premier trimestre de 2024, du projet pilote de sensibilisation et de diagnostic précoce des personnes atteintes d’hémophilie et d’autres troubles de la coagulation en Côte d’Ivoire.
« Cependant, beaucoup reste à faire pour atteindre les objectifs mondiaux. Il faut que les populations sachent qu’un hémophile pris rapidement et correctement en charge peut vivre normalement. Surtout, il faut accélérer le dépistage pour réduire la mortalité et la morbidité de cette pathologie encore méconnue », précise-t-il.
Aussi, pour une meilleure prise en charge de cette pathologie, M. Koffi recommande la création de pôles sanitaires spécialisés dans les grandes régions du pays, afin de rapprocher les soins des patients des zones rurales (pour renforcer les deux seuls existants, à savoir, au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bouaké et au CHU de Yopougon).
Il faudra également renforcer les capacités du personnel soignant (hématologues, bio-techniciens, psychologues, infirmiers, sages-femmes…), identifier les nouveaux cas d’hémophiles grâce au pedigree des parents des patients, dépister systématiquement le nouveau-né, accès pour les patients aux soins de la Couverture maladie universelle (CMU), pérenniser l’amélioration de la qualité de la prise en charge, organiser davantage de campagnes de sensibilisation afin de faire connaitre la maladie aux populations avec l’appui des médias, développer la recherche, etc.
La Fédération mondiale de l’hémophilie (FMH) estime que près de 70 % des 819 000 personnes vivant avec l’hémophilie dans le monde n’ont toujours pas reçu de diagnostic. En Côte d’Ivoire, la prévalence actuelle est de 9%. Les spécialistes sous-estiment ces chiffres parce que dans certaines régions du pays, le taux de prévalence va à 17, voire 20%.
La Journée mondiale de l’hémophilie est célébrée chaque 17 avril.
(AIP)
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