Abidjan, 23 avr 2024 (AIP) – « De nombreux obstacles, notamment les obstacles liés à l’environnement social, les obstacles physiques et les obstacles qui relèvent des procédures empêchent les personnes en situation de handicap de porter plainte auprès des juridictions », pointe une étude réalisée par Maître Mensah Brigitte, avocate non-voyante inscrite au Barreau de Côte d’Ivoire.
Un atelier de restitution de l’étude suscitée par ONU-Femmes s’est déroulé mardi 23 avril 2024 au siège du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) situé à Abidjan Cocody.
Portant sur le thème « Analyse situationnelle des obstacles lies à l’accès à la justice des femmes et des filles en situation de handicap, survivantes des violences basées sur le genre », cette étude est partie du constat fait par ONU-Femmes que les femmes handicapées rencontrent des obstacles spécifiques à leur situation, notamment des obstacles juridiques et d’accessibilité aux services compétents, lorsqu’elles demandent justice.
« Ces femmes et ces filles en situation de handicap courent jusqu’à trois fois plus de risques de viol et sont deux fois plus susceptibles d’être victimes de violences domestiques et d’autres formes de violences sexistes que les femmes qui n’ont pas de handicap », a justifié le chargé des programmes, Doumbia Yacouba, au nom de la Représentante résidente d’ONU-Femmes en Côte d’Ivoire.
« Il a été noté de façon générale une tendance au règlement à l’amiable ou au silence des femmes survivantes des VBG et principalement celles en situation de handicap face au préjudice subi, pour des raisons diverses, et en dépit des voies légales en vigueur », a renchéri, dans son exposé de recadrage, Marie Mboundzi, chargée de l’inclusion sociale à ONU-Femmes.
« Le droit des femmes à l’accès à la justice est essentiel à la réalisation de tous les droits protégés par la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. C’est un élément fondamental de l’État de droit et de la crédibilité du système judiciaire, ainsi que de la participation égale des femmes aux mécanismes judiciaires et autres mécanismes d’application des lois », a pointé Dr Marie Paule Kodjo, vice-présidente du CNDH, l’institution qui a organisé l’atelier.
En Côte d’Ivoire, les personnes en situation de handicap sont estimées à plus de 620 000 dont 42% des femmes, selon le RGPH 2014. Cette frange de la population constitue l’un des groupes les plus marginalisés de la société.
Chaque année, le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE) publie des statistiques sur la situation des violences faites aux femmes. Malheureusement, au niveau de la prise en charge juridique et judiciaire, les statistiques des femmes apparaissent de façon globale, sans aucune spécification concernant les femmes en situation de handicap.
L’étude relève qu’en 2021, quelque 6040 cas de VBG ont été rapportés dont 147 survivants sont en situation de handicap (2,43%) parmi lesquels 84 handicapés physiques (57,14%), 33 handicapés psychiques (22,45%), 23 handicapés sensoriels (15,65%) et sept personnes polyhandicapées (4,76%).
L’annuaire statistique 2021 du MFFE illustre la faible proportion des victimes de VBG ayant saisi la justice. Ainsi, sur les 6040 cas de VBG répertoriés, 1152 femmes ont porté plainte (19,07%). L’on note que le MFFE n’a pu faire ressortir la proportion des femmes et des filles en situation de handicap, survivantes de VBG, qui ont porté plainte parmi les 147 personnes en situation de handicap victimes de VBG.
Le principe de l’étude s’inscrit dans la vision LNOB (ne laisser personne de côté), note ONU-Femmes.
(AIP)
cmas