Abidjan, 22 mars 2024 (AIP)- Les discussions sur la dette publique de la Côte d’Ivoire suscitent souvent des inquiétudes et des interrogations, conduisant souvent à des discussions et polémiques sur diverses plateformes et réseaux sociaux. Pourtant, une analyse approfondie des données factuelles révèle une réalité souvent méconnue.
1 – La dette publique de la Côte d’Ivoire a-t-elle atteint des niveaux alarmants ?
Ce qui se dit : La dette publique de la Côte d’Ivoire atteint des niveaux alarmants, compromettant la stabilité économique du pays.
Vérification des faits : Selon les données du Ministère des Finances et du Budget de la Côte d’Ivoire, le ratio dette/PIB se situe à 56,7% à fin 2023, en dessous du seuil de 70% fixé par l’UEMOA. Le ratio dette/Pib se situe à 56,7% à fin 2023, bien en deçà du seuil de 70% défini pour l’UEMOA, et de celui de pays tels que le Ghana (92,4% selon le FMI à fin 2022), le Sénégal (76,6%), le Maroc (71,5%), l’Afrique du Sud (71,1%), ou le Kenya (68,4%).
En outre, il ne faut pas se fier littéralement au niveau de dette, puisqu’avec une dette d’environ 8000 milliards CFA en 2010 le ratio dette/pib était de 66,4 % selon le FMI dans son rapport des Perspectives économiques régionales Afrique subsaharienne publié en avril 2012, contre un ratio de 56,7% aujourd’hui avec un encours plus important. Le niveau dette ne signifie a priori pas grand-chose en matière d’analyse de la dette . Il faut toujours l’apprecier au regard de la richesse nationale qu’elle a servi à créer.
Verdict : Les affirmations alarmistes sur la dette de la Côte d’Ivoire ne sont pas fondées sur les données factuelles disponibles. La situation de la dette publique du pays reste gérée de manière responsable et viable.
2- Les investissements du gouvernement ivoirien sont-ils excessifs ?
Ce qui se dit : Les investissements réalisés par le gouvernement ivoirien sont excessifs et ne bénéficient pas à la population.
Vérification des faits : Selon le rapport du Ministère de l’Economie du Plan et du Développement de la Côte d’Ivoire, les investissements publics cumulés sur la période 2012-2022 s’élèvent à plus de 19 000 milliards FCFA. Ces investissements bénéficient bel et bien à la population pour plusieurs raisons.
Dans le secteur Education-Formation, au niveau du préscolaire et du primaire public 43 699 salles de classe ont été réalisées de 2012 à 2023. En 2022, le pays compte plus de 500 lycées et collèges contre 242 en 2011. Le Taux Net de scolarisation au primaire est passé de 72,9% en 2013 à 94,2% en 2023. Dans le secteur de la santé ,75% des populations vivent à moins de 5km d’un établissement de sanitaire en 2023 contre 66% en 2012.
Dans le secteur Energie et électrification, le taux de couverture de 1960 à 2011 est de 33,2%. Ce taux est passé à fin décembre 2023 à 86,2%, soit une hausse de 53,0% de 2011 à fin 2023. L’électrification participe grandement à l’amélioration des conditions de vie des populations en zone rurale.
Au niveau des routes, l’aménagement et/ou le bitumage des routes, de plusieurs sections et de plusieurs axes. Un cumul de 7 541,6 km de routes neuves en 2023. 84 km d’autoroute en 2023 portant à 357 km le linéaire d’autoroute. L’amélioration du réseau routier a permis de développer le commerce, l’accès aux zones à fortes production agricole, la facilitation des échanges, etc.
Au niveau de l’eau potable, l’accès à une source d’eau améliorée se renforce. Le taux de couverture est passé de 78% en 2012 à 90% en 2020. Ainsi, 86,7% des ménages ont accès à une source d’eau potable (RGPH 2021).
Verdict : Les investissements réalisés sont orientés vers des secteurs essentiels pour le développement socio-économique du pays, contredisant ainsi l’idée selon laquelle ils seraient excessifs et non bénéfiques.
3- La Côte d’Ivoire est-elle surendettée ?
Ce qui se dit : La Côte d’Ivoire est surendettée et risque de faillite économique.
Vérification des faits : Le FMI, institution par excellence en charge d’assurer la stabilité financière internationale qui n’a jamais hésité à tirer la sonnette d’alarme sur le niveau d’endettement d’un pays a confirmé très récemment en 2023 que risque de surendettement demeure modéré en Côte d’Ivoire sur les vingt prochaines années.
Cette conclusion est largement partagée par les agences de notation financière. En effet, la dynamique haussière des différentes notes obtenues par la Côte d’Ivoire depuis 2014 traduit la solvabilité du pays, en d’autres termes, sa capacité constante à honorer tous ses engagements financiers. D’ailleurs, récemment l’agence de notation Moody’s, une des agences de notation les plus reconnues au monde a relevé la note passant de Ba3 avec une perspective positive à Ba2 perspective stable faisant de la Côte d’Ivoire le deuxième meilleur crédit d’Afrique sub-saharienne, derrière le Botswana et partage la même catégorie de notation que des nations économiquement significatives telles que l’Afrique du Sud, le Brésil et le Vietnam. Cette évaluation témoigne de la confiance de Moody’s dans les avancées notables réalisées par la Côte d’Ivoire au cours de la dernière décennie.
Verdict : Les craintes d’une faillite économique imminente ne sont pas étayées par les faits. La Côte d’Ivoire maintient une gestion prudente de sa dette, réduisant ainsi les risques de surendettement.
4- Les Eurobonds, un financement risqué ?
Ce qui se dit : Les Eurobonds sont une source de financement risquée pour la Côte d’Ivoire.
Vérification des faits : le volume important des besoins de financement dépasse encore les capacités de mobilisation sur le marché local malgré un fort développement de celui-ci au cours des dix dernières années. Ce qui justifie le recours aux marchés internationaux qui permettent non seulement de diversifier les sources de financement mais aussi d’élargir la base des investisseurs. L’émission d’Eurobonds en janvier 2024 illustre ce propos. Traditionnellement les émissions Eurobonds permettent également de lever des ressources avec des maturités plus longues que celles disponibles sur le marché local, limitant aisni le poids du service annuel de la dette sur les finances publiques. La Côte d’Ivoire a levé 2,6 milliards de dollars (soit 1 576,7 milliards de francs CFA) avec un taux moyen pondéré de 6,6%, une maturité moyenne de 11 ans, et une tranche de 9 ans labellisée ESG.
En d’autres termes, sans le recours aux eurobonds la couverture des besoins de financement serait compromises ces dernières années.
Verdict : Les Eurobonds sont une option de financement efficace pour la Côte d’Ivoire, permettant de mobiliser des ressources supplémentaires tout en attirant la confiance des investisseurs internationaux.
Verdict général
Contrairement aux idées reçues sur la dette publique de la Côte d’Ivoire, il apparaît, d’après les données factuelles analysées, que le pays maintient une gestion prudente et viable de ses finances. Les investissements réalisés sont orientés vers le développement socio-économique et les stratégies de gestion de la dette sont bien en place pour assurer la stabilité financière à long terme.
6-On emprunte pour rembourser la dette c’est donc une chose absurde
Ce qui se dit : La Côte d’Ivoire emprunte pour rembourser sa dette
Vérification des faits : Le refinancement ou le reprofilage de la dette est une pratique courante de gestion de la dette pratiquée par tous les états. Ces opérations permettent généralement d’améliorer la viabilité de la dette en allongeant sa maturité.
Verdict : Les données confirment que la Côte d’Ivoire est effectivement devenue une référence en matière de notation financière, avec une tendance positive observée depuis 2014, ce qui dénote d’une confiance accrue des investisseurs dans l’économie du pays.
Verdict général
Contrairement aux idées reçues sur la dette publique de la Côte d’Ivoire, il apparaît, d’après les données factuelles analysées, que le pays maintient une gestion prudente et viable de ses finances. Les investissements réalisés sont orientés vers le développement socio-économique et les stratégies de gestion de la dette sont bien en place pour assurer la stabilité financière à long terme.
Nous recommandons à la population de consulter régulièrement les canaux officiels de publication des données et informations du gouvernement, ainsi que les médias fiables, afin d’avoir la bonne information et en temps réel.