Séguéla, 02 déc 2024 (AIP)- Dans le Worodougou, il n’est pas rare de voir des personnes s’adonner à l’activité de concassage de pierres pour vivre. Cependant à Séguéla, une septuagénaire, Koné Koulanga, mère d’une dizaine d’enfants, en constitue un symbole de résilience. L’AIP l’a rencontrée, dimanche 17 novembre 2024, au quartier Bakayoko sur son lieu de travail. Elle a parlé de son histoire faite de courage et de détermination, révélant ses défis et l’impact de son activité sur la communauté. (Portrait)
En cette mi-journée dominicale où souffle un vent d’harmattan chargé de poussière, Koné Koulanga, 70 ans environ, est au travail. Bravant les rayons ardant du soleil, les traits tirés par le poids de l’âge, la “mémé” (grand-mère dans le jargon ivoirien), vêtue d’un ensemble marron sombre, concasse à l’aide d’un marteau de fortune, des pierres. Il y a plus d’une dizaine d’années que la septuagénaire a entrepris cette activité. Suite au décès de son mari. Propulsée au premier plan de la famille, elle doit subvenir aux besoins de ses proches. “Je fais ce travail depuis des années. C’est difficile, mais c’est ainsi que je nourris ma famille,” a-t-elle confié avec un sourire résigné.
Les défis quotidiens
Le travail de Koné Koulanga n’est pas sans risques. Les blessures sont fréquentes et les conditions de travail sont éprouvantes. Cependant, elle persévère, motivée par le devoir de subvenir aux besoins de sa famille.
« Chaque coup de marteau est un pas de plus vers un avenir meilleur pour mes enfants », a-t-elle dit. Veuve, elle s’est jetée dans cette activité pour assurer la survie de sa famille.
Koulanga, une femme qui impacte les populations à Séguéla
Koné Koulanga est respectée dans sa communauté. Son travail fournit des matériaux pour la construction et inspire de nombreux habitants.
“Nous respectons beaucoup Mme Koulanga. Elle est un exemple pour nous tous”, déclare un habitant du quartier de Séguéla, Binaté Mori.
En plus de son propre travail, elle emploie des jeunes pour dynamiter les gros blocs de pierre en morceaux moyens au niveau de la colline à proximité de son site.
« Pour casser les blocs, je débourse entre 5 et 10 000 FCFA », a-t-elle révélé. Elle a indiqué que ces morceaux sont ensuite transportés par les petits fils et belles filles aux abords de la voie principale, où elle les casse sous un hangar de fortune pour fournir des matériaux de construction notamment le gravier.
L’éducation des enfants, une priorité
Malgré les difficultés, Koné Koulanga a avoué veiller à ce que ses petits-enfants soient scolarisés.
“Il faut scolariser les petits enfants,” a-t-elle insisté. Les week-ends, ces derniers viennent l’aider à casser les cailloux, contribuant ainsi à l’effort familial.
« Chaque dimanche après le travail, la vieille me donne de l’argent. C’est mon argent de poche pour aller à l’école lundi », a confié un petit-fils, Losséni Fofana, une bassine de gravier sur la tête, transpirant à grosses gouttes.
Les défis économiques
La vieille femme a déploré le fait qu’avec l’ouverture des carrières dans la région, les affaires ne marchent plus comme avant. Le prix du tas de gravier a chuté, variant aujourd’hui entre 15 000 et 20 000 Francs CFA. Elle a souligné qu’il arrive que des jours durant, elle ne vend rien.
“C’est difficile de voir les tas de gravier s’accumuler sans acheteurs,” a-t- elle dit, laissant un soupir qui en dit long. Malgré cela, elle continue de travailler avec détermination.
Le courage et la détermination de Koulanga sont une source d’inspiration pour tous. Symbole de résilience et de la force des femmes rurales à Séguéla, la vieille Koné, à travers son travail, incarne l’esprit de persévérance qui anime tant de mères dans le Worodougou.
(AIP)
ik/fmo