Abidjan, 10 sept 2024 (AIP) – Plus de 16 mois après le début du conflit au Soudan, la guerre dans ce pays d’Afrique du Nord-Est continue d’échapper à tout contrôle, a alerté mardi 10 septembre 2024, la cheffe adjointe des droits de l’homme de l’ONU, Nada Al-Nashif, redoutant qu’elle ne prenne une dimension ethnique dans certaines provinces soudanaises, notamment au Darfour.
Les civils font les frais des hostilités entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (FSR), ainsi que les mouvements armés et milices alliés respectifs, qui se déroulent au « mépris total du droit international ».
« Depuis la mise à jour du Haut-Commissaire devant ce Conseil en mars, le conflit s’est encore aggravé. Les déclarations des parties belligérantes sur leur engagement à protéger les civils restent vides, et les violations se poursuivent sans relâche », a affirmé Nada Al-Nashif.
Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Nada Al-Nashif s’est dite « profondément troublée par les attaques et les discours de haine motivés par l’appartenance ethnique ».
Les services du Haut-Commissaire Volker Türk indiquent avoir recueilli de « nombreux témoignages » faisant état « d’exécutions sommaires, de violences sexuelles et de déplacements forcés perpétrés par les forces de sécurité soudanaises et les milices arabes alliées, notamment à l’encontre de la communauté Masalit dans l’ouest du Darfour ».
« Des violences, des harcèlements et des arrestations à caractère ethnique ont également été documentés au Darfour et à Al-Jazirah », a déploré la Haut-Commissaire adjointe, relevant que la mobilisation des civils, y compris des enfants, s’est intensifiée dans tout le Soudan, en particulier selon « des lignes tribales ». « Cela pose le risque d’une guerre civile élargie avec de nouvelles dimensions ethniques », a-t-elle mise en garde.
Depuis le mois de mai, la ville d’El Fasher, au Darfour Nord, a été ravagée par de violents combats : le ciblage des installations médicales a privé la population de services de santé.
Pour l’ONU, la reddition des comptes est essentielle pour mettre fin à cette « impunité de longue date ». À cet égard, la poursuite des travaux de la mission internationale d’établissement des faits sur le Soudan est essentielle.
Le HCDH exhorte la communauté internationale et les États influents à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux hostilités et soutenir un dialogue inclusif afin d’ouvrir la voie à une transition civile. « Ces efforts doivent tenir compte des intérêts économiques qui compromettent la paix », a insisté Mme Al-Nashif, rappelant que le peuple soudanais vit aujourd’hui « l’une des pires crises au monde ».
Celle-ci est alimentée par « l’impunité et les luttes de pouvoir à somme nulle qui se nourrissent des tensions ethniques et sont motivées par des intérêts politiques et économiques particuliers ». « La communauté internationale ne peut pas laisser cette situation perdurer, cette tragédie doit cesser, maintenant », a fait valoir la Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme.
(AIP)
cmas