Gagnoa, 05 juin 2024 (AIP)- Le tribunal de Gagnoa ouvert avant les indépendances, est aujourd’hui vue par les justiciables des différentes communautés vivant à Gagnoa, comme une juridiction citoyenne, de par les décisions rendues, et les rapports que le personnel judiciaire entretient avec les populations.
Conçu pour gérer les contentieux qui peuvent subvenir dans le territoire de sa juridiction, le tribunal de Gagnoa fait l’objet de fierté, de la part de dame Aimée Domoraud, la soixantaine engagée. Elle parle de « justice équitable » qui y est rendue. Mme Domoraud a révélé avoir eu un différend avec un ‘haut fonctionnaire’ dont elle a préféré taire le nom. Ce dernier, qui a occupé sa maison 14 années durant, rechigne à lui verser correctement les loyers.
« Vas te plaindre où tu veux. Voilà la phrase que j’entendais chaque fin de mois », lâche celle qui est aussi la présidente des femmes du quartier ‘Soleil’ à Gagnoa.
![](https://www.aip.ci/wp-content/uploads/2024/06/Facade-avant-du-parquet-pres-le-tribunal-de-Gagnoa-300x200.jpg)
« J’avais très peur de ce corps des magistrats. Je me disais que si tu ne connais aucune personnalité pour intervenir en ta faveur, tu ne peux pas avoir gain de cause », confesse-t-elle. Après avoir engagé en vain des huissiers durant plusieurs années, désespérée, elle s’adresse au tribunal de Gagnoa en 2023 pour lui soumettre son problème.
Elle explique avoir été subjuguée par l’attitude de l’actuelle présidente du tribunal et ses collaborateurs.
« Elle m’a séduite par son approche de résolution du problème », lâche Domoraud Aimée. « Elle nous a interrogés. Puis nous a demandés de prendre le temps de réfléchir. Au bout de quelques semaines, ce haut cadre qui prétendait que rien ne pouvait lui être opposé, est devenu « tout humble ».
Elle a précisé que la présidente est demeurée dans la recherche de l’apaisement et la justice « acceptée par tous ». Si Mme Domoraud se réjouit que le verdict ait été rendu en sa faveur, elle précise que la partie adverse, non seulement, ne semblait pas déboussolée, mais à consenti à la décision.
« C’était la vérité, mais je crois qu’elle a su être un genre de mère pour les deux parties », a-t-elle indiqué.
Veuve depuis le 13 mars 2024, Aimée Domoraud fait savoir qu’elle vient souvent suivre les audiences, et assure que le tribunal de Gagnoa est particulier.
« C’est comme si on avait rassemblé des gens bien un peu partout, pour les déverser en ce lieu », confie-t-elle, assurant avoir été séduite plus d’une fois, en allant suivre les audiences. Elle ne semble pas être la seule.
Kouamé Appolinaire, 49 ans, résident à Gagnoa au quartier ‘Garahio’ depuis 2014, et responsable commercial dans une entreprise de produits phytosanitaires a lui aussi tenu à saluer le « professionnalisme, et surtout l’humanisme » du personnel du tribunal de Gagnoa. Il raconte avoir fait une assignation à des ayants-droit qui lui avaient vendu un bien immobilier. A la phase de mutation, il est ressorti qu’il y avait des irrégularités, a-t-il dit.
« Le juge n’a pas tenu compte du fait que je suis allochtone et que la partie adverse était des autochtones », fait remarquer M. Kouamé. Plusieurs audiences ont été tenues, avant que le jugement ne soit rendu.
« J’ai assigné la famille pour remboursement de mon argent. Le tribunal a validé le remboursement intégral, y compris le montant des travaux engagés », s’est-t-il réjoui.
L’homme pense que les juges ont rendu un « verdict régulier » et ajoute qu’il assiste souvent aux audiences dans la grande salle du tribunal de Gagnoa.
« Je constate que les juges rendent de bonnes décisions par rapport aux délits », dit-il. En sa qualité de justiciable, il dit encourager la présidente du tribunal, et ses collaborateurs, à poursuivre dans cette voie.
« Ce tribunal a de très bons témoignages dans la ville, où les heures d’audiences sont respectées », a conclu Kouamé Apollinaire, dont les propos ont été soutenus par le vice-président de la communauté nigériane de Gagnoa.
Commerçant de son état, le vice-président Victor Goodluck, a lui aussi salué le caractère « citoyen » du tribunal du chef-lieu de la région du Gôh.
« Personnellement, je n’ai pas eu de dossier au tribunal, mais j’y ai accompagné plusieurs fois des compatriotes », a fait savoir M. Goodluck. L’homme d’affaire affirme avoir été plusieurs fois séduit par « l’impartialité » dont a fait preuve la présidente de ce tribunal, mais aussi, les autres juges dans le traitement des dossiers.
« A aucun moment, je n’ai eu l’impression que nous sommes lésés du fait de notre appartenance à l’Etat Nigérian », a insisté le vice-président. Il a fait observer que l’environnement dans l’enceinte du tribunal, la propreté de la cour, des mûrs ainsi que des toilettes, la salle d’attente climatisée et le tout nouveau restaurant construit dans la cour du palais de justice, et ouvert à tous les justiciables et au public, est le symbole selon lui, de la citoyenneté de cette juridiction.
![](https://www.aip.ci/wp-content/uploads/2024/06/Une-vue-du-Restaurant-du-Palais-300x192.jpg)
Ce restaurant, dénommé ‘Restaurant du Palais’, comporte deux compartiments. Une salle climatisée d’une cinquantaine de places, dite Véritable importante personne (VIP) et une autre, aérée et couverte.
![](https://www.aip.ci/wp-content/uploads/2024/06/Salle-VIP-du-Restaurant-du-Palais-dans-lenceinte-du-tribunal-de-Gagnoa-300x206.jpg)
« Ça tombe vraiment à pic, l’ouverture de ce restaurant, parce qu’une fois, j’ai dû attendre plusieurs heures avant d’être appelé à la barre et il était difficile d’aller me restaurer en ville », a expliqué Georges Koudou, entrepreneur à Gagnoa, pour justifier la présence de ce lieu de restauration.
Le tribunal de première instance de Gagnoa compte à ce jour 10 magistrats, notamment sept juges et trois procureurs, dont la présidente du tribunal, Gnadou Judith et le procureur de la République, Tiatiassou K. André. Plus de 1000 décisions ont été rendues par ce tribunal en matière civile et pénale en 2023, apprend-t-on.
(AIP)
dd/fmo